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Camille Pouget flash un 8b+ à Têtard Park : “Je n’étais même pas censée aller en falaise ce jour-là !”

© Timothée Nitschke

Un 8b+ flash, sans échauffement, après une séance de Kilter, et alors qu’elle n’avait même pas prévu d’aller grimper dehors ? C’est pourtant ce qu’a réalisé Camille Pouget à Têtard Park, près de Grenoble. Récit d’une journée totalement imprévue devenue un beau moment de grimpe pour la grimpeuse de l’équipe de France.

« De base, ce n’était même pas prévu que j’aille en falaise… »

Tout commence comme une journée d’entraînement tout à fait classique. Camille devait initialement faire de la difficulté en salle, à Espace Vertical. Mais faute de partenaire, les plans changent à la dernière minute.

« Le matin, j’avais une double séance à faire. Donc je suis allée grimper à la salle Au Perchoir, à vingt minutes de la falaise, pour une bonne séance de Kilter bien physique. Deux heures et demie de force, avec mon coach. » Pendant que ses amis décident de partir grimper dehors, Camille termine sa séance en solo avant de les rejoindre.

« Je n’avais pas prévu d’y aller, mais comme je n’avais trouvé personne pour grimper en salle, je me suis dit : allez, je vais avec eux, ça fera ma séance de diff ! »

Une arrivée improvisée… et une voie de rêve

Quand elle arrive à Têtard Park, ses potes — dont Louison Burtin, Erwan Rucay et son coach Mike Fuselier — sont déjà dans une voie en 8b+, « Pavillon 36« . Intriguée, Camille décide de s’y mettre à son tour, sans échauffement et sans se douter de ce qui l’attend.

« La voie s’appelle Pavillon 36, c’est une voie assez courte, avec un crux en bas à base de contre-pointe au-dessus de la tête. Très atypique et marrant à grimper ! » Elle enfile son baudrier, chausse ses chaussons, et se lance, simplement pour « caler les moves ».

« Je pars dans la voie en leur demandant de me flasher les mouvements jusqu’à ce que je me sente trop cramée. Je me dis alors que j’irais caler la suite après chaque repos. Pour être honnête, le crux en bas étant bien retord, j’étais à deux doigts de demander sec à la deuxième dégaine » Mais la grimpeuse s’accroche, réussit les premiers pas clés… et continue.

© Timothée Nitschke

« Et de fil en aiguille, je ne suis pas tombée… »

Les copains au sol la guident, lui décrivent les sections suivantes au fur et à mesure.

« Comme c’est une voie à sections, à chaque repos ils me flashaient la suite. Et à un moment, je me rends compte que je ne suis plus très loin du relais. Je me dis : bon, Camille, franchement, tu peux la faire ! » Et c’est exactement ce qu’elle fait. Sans chute, sans préparation, sans échauffement.

« De fil en aiguille, je ne suis pas tombée, et j’ai fait la croix. Vraiment sans m’y attendre. C’était hyper imprévisible et hyper marrant à vivre. » Résultat : un 8b+ flash, dans des conditions que beaucoup qualifieraient de tout sauf optimales.

Entre spontanéité et performance

Après coup, Camille réalise la portée de cette réussite :

« Je m’entraîne souvent à grimper sous la pression grâce à la compèt’, donc le fait de ne rien attendre n’a pas trop changé mon mindset. Mais repartir avec un flash, sans y penser, c’était une joie différente. C’était délicieux comme moment 🙂 »

Physiquement, elle se sentait solide, notamment grâce à la préparation des championnats du monde : « Même si le résultat n’a pas été celui que j’espérais sur le championnat du monde, j’ai clairement gagné en niveau. Et la voie était dans mon style. Sans oublier que les copains m’ont flashé la voie aux petits oignons, ça aide ! »

Une grimpeuse en transition

Cette journée symbolise aussi une période de réflexion pour la grimpeuse de l’équipe de France, qui cherche à redéfinir sa manière d’aborder l’entraînement.

« Depuis quelques années, j’essaie d’être plus organisée pour être performante. Du coup, j’avais un peu perdu le goût de l’imprévu. Ce jour-là, au début, j’étais même pas très contente d’aller en falaise parce que je ne voulais pas perturber ma planif d’entraînement. »

Mais cette réussite la pousse à envisager les choses autrement :

« Je réfléchis à être plus flexible, à redonner plus de place à la falaise. Ça colle mieux à ma manière naturelle de fonctionner, un peu plus freestyle et adaptable. »

© Timothée Nitschke

Fière, mais pas transcendée

« Quand j’ai clippé le relais, j’étais très contente ! Un peu surprise aussi, je ne me suis pas rendue compte tout de suite que c’était ma meilleure perf flash en falaise (même si je sais que ce n’est pas un 8b+ réputé pour être très dur). Après, j’ai juste partagé la fin de la journée tranquille avec les copains, comme après un bon entraînement. » Une approche humble, presque décontractée, qui résume bien l’état d’esprit de Camille : « Le fait que ce soit inattendu rend la réussite plus légère. Je suis fière, mais pas transcendée. Je crois que c’est mon côté compétitrice : j’associe la récompense au travail de fond plutôt qu’à la perf pure. Mais c’était vraiment un super moment. »

Une page qui s’ouvre

Cette croix surprise pourrait bien être le point de départ d’une nouvelle dynamique : « Je pense faire un peu plus de falaise à l’avenir, et peut-être m’entraîner un peu moins… mais mieux ! Avec plus de diversité et de plaisir. »

Et pour la petite anecdote ?

« C’est la seule voie que j’ai faite sur cette falaise ! Après, j’ai essayé un 8c, mais j’ai abandonné, c’était trop bizarre. Donc voilà : j’ai fait le 8b+, flash, et je suis rentrée ! » Une journée comme on en rêve : sans plan, sans attente… mais avec un 8b+ flash à la clé.

 

Publié le : 20 octobre 2025 par Charles Loury

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