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Après six ans d’efforts, Toru Nakajima laisse tomber « Burden of Dreams »

© Coll. Nakajima

Rarement un grimpeur de haut niveau admet publiquement un échec ; Toru Nakajima l’a fait. Après six années de tentatives acharnées sur « Burden of Dreams », le premier 9A bloc de l’Histoire, le grimpeur japonais a décidé d’y mettre un point final — du moins pour l’instant.


Le fardeau des rêves

« Burden of Dreams », littéralement le fardeau des rêves. Difficile d’imaginer un nom plus juste pour ce bloc historique, premier 9A au monde, libéré par Nalle Hukkataival en 2016 dans les forêts du sud de la Finlande.

J’aurais aimé réussir. Mais je sais très bien que la réussite n’est pas la seule chose qui compte en escalade.

Toru Nakajima a longtemps porté ce fardeau sur ses épaules. L’un des tout premiers à s’y attaquer après Hukkataival, il s’y rendait presque chaque année depuis 2019, multipliant les séjours, les essais, les ajustements. En 2019, il tombait déjà très près de la réussite, chutant sur le troisième mouvement après avoir validé le premier, réputé le plus difficile.

© Coll. Nakajima

« Cela fait déjà quatre ans que je travaille ce bloc, et pourtant, je trouve encore de nouvelles astuces. Peut-être y a-t-il encore de nouvelles découvertes à faire ? », écrivait-il alors, confiant en ses progrès malgré l’échec.

Mais les années ont passé, et avec elles, les douleurs, la lassitude, et peut-être le besoin de tourner la page.

« J’ai échoué. Et je ne peux pas avancer sans accepter ce fait »

Sur ses réseaux sociaux, Toru Nakajima a récemment publié un message sincère et lucide :

Cet automne, je ne retournerai pas en Finlande. Cela signifie que j’abandonne « Burden of Dreams ». Six ans se sont écoulés depuis mes premiers essais. À l’époque, j’étais extrêmement motivé et je sentais une vraie progression. J’étais proche, je m’entraînais dur, mais j’ai commencé à souffrir de douleurs chroniques aux doigts.

Je ne pense pas que ce temps ait été perdu. « Burden of Dreams » m’a rendu plus fort. Je n’aurais probablement pas réussi « Epitaph », « Regret » ou « Sleepwalker » sans ce bloc. J’aurais aimé réussir. Mais je sais que la réussite n’est pas la seule chose qui compte en escalade. J’ai échoué, et je ne peux pas avancer sans accepter ce fait.

Un témoignage rare dans le monde de la grimpe de haut niveau, où les réussites se partagent plus volontiers que les renoncements.

Avec une grande humilité, Nakajima rappelle que l’échec fait partie intégrante du jeu : « Sans ombre, il n’y a pas de lumière. Parfois, il faut lâcher prise pour aller dans une autre direction. »

© Coll. Nakajima

La relève japonaise prend le relais

Si Nakajima a choisi de tourner la page, l’histoire de « Burden of Dreams » n’est pas terminée pour autant. Depuis quelques jours, une véritable armée japonaise a pris d’assaut la forêt de Lappnor, en Finlande. Objectif : conquérir le mythique 9A.

Déjà sur place depuis plusieurs jours, Makoto Yamauchi et Ritsu Kayotani enchaînent les essais, tandis que Tomoa Narasaki, Akiyo Noguchi et Keita Watanabe viennent tout juste de les rejoindre. L’automne s’annonce donc palpitant côté nordique, et la légende finlandaise pourrait bien s’enrichir d’un nouveau chapitre japonais…

Toru Nakajima, un grimpeur d’exception

Âgé de 32 ans, Toru Nakajima reste l’une des figures les plus respectées du bloc asiatique. Son palmarès parle de lui-même : « Epitaph » 8C+, « Regret » 8C/+, « Sleepwalker » 8C+, ou encore des classiques comme « Lucid Dreaming » et « Paint it Black » 8C.

Toujours en quête de nouveaux défis, il s’est aussi illustré dans des solos vertigineux, notamment sur la cascade de Shomyo au Japon, haute de 350 mètres.

S’il a choisi de renoncer à « Burden of Dreams », ce n’est peut-être qu’une pause dans une aventure qui l’a profondément marqué. Comme il l’écrit lui-même : « Je retournerai en Finlande un jour, c’est promis. »


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Publié le : 14 octobre 2025 par Nicolas Mattuzzi

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