Jules Marchaland à Flatanger : quand Adam Ondra l’invite sur un projet inachevé…

Jules Marchaland dans l'un des projets de la grotte de Flatanger © Coll. Marchaland
Après un été stratosphérique, Jules Marchaland a pris la direction de la Norvège, guidé par un conseil pour le moins prestigieux : celui d’Adam Ondra. Destination : la mythique grotte de Flatanger, et un projet encore jamais libéré…
En exclusivité pour Planetgrimpe, le Niçois s’est confié sur ses essais dans ce mystérieux projet, ses sensations face à l’immensité de la grotte, et ses ambitions pour la fin de son trip norvégien.
Flatanger, le rêve grandeur nature
C’est une première que Jules n’est pas près d’oublier. Arrivé à Flatanger, il découvre un décor irréel : « Le paysage est dingue, t’es entouré de presqu’îles et d’îles, avec du granite partout. Et puis, la grotte est énorme ! C’est complètement fou… J’avais tellement vu de vidéos et de photos que j’avais l’impression de connaître… mais en même temps, j’étais émerveillé. »
L’émerveillement de Jules est à la hauteur de la réputation du lieu : un des plus grands temples mondiaux de la difficulté, théâtre de performances historiques signées notamment Adam Ondra.

La grotte de Flatanger abrite les voies les plus dures de la planète © Moritz Welt
Le projet d’Adam Ondra : « Kangaroo dyno »
Et c’est justement le Tchèque qui a soufflé l’idée de ce voyage à Jules. Dans la grotte, il existe une voie encore vierge, surnommée « Kangaroo dyno ».
Comme son nom l’indique, le concept est simple : grimper un 8c+/9a, puis finir par un jeté monumental estimé à 8A bloc. « Plus dur encore que celui de « 3 Degrees of Separation » à Céüse », affirme Ondra lui-même.

Jules Marchaland dans le jeté de « 3 Degrees of Separation », qu’il a enchaîné en juin 2024 © Coll. Marchaland
Le Tchèque avait bien trouvé une parade en contournant le jeté, créant ainsi « Kangaroo’s Limb » 9a+, aujourd’hui célèbre. Mais la version directe de la ligne reste un mythe. Seul Adam a réussi le jeté, une fois, en 2013. Jamais personne n’a enchaîné la voie entière, ni répété le jeté depuis.
Alors, qui mieux que Jules Marchaland connu pour ses qualités physiques explosives — et flasheur historique d’un 8C bloc à Magic Wood cet été, pour tenter sa chance ?
Un départ prometteur, puis la série noire…
À peine arrivé, Jules se lance. Et le déclic est immédiat : « Le premier jour, j’ai fait tous les mouvs, dont le fameux jeté, assez rapidement », confie-t-il.
Mais la suite tourne au cauchemar. Une maladie foudroyante façon grippe + gastro le cloue au lit pour une semaine. « J’étais hyper fatigué, je n’avais plus d’influx et j’avais perdu du poids. C’était vraiment dur physiquement… Mais j’allais mieux. Je comptais prendre un jour de repos pour repartir de plus belle ».
Mais soudain, une nouvelle tuile : un nerf pincé dans le dos. « Je ne pouvais pas lever ma jambe droite, c’était hyper douloureux. Je pouvais à peine marcher, alors grimper, c’était impensable. »

Jules Marchaland a dû prendre son mal en patience, cloué au sol dans « le plus bel endroit du monde » © Yulen Calleja Ordiz
Résultat : dix jours à attendre, dans « le plus bel endroit du monde », sans pouvoir grimper. « C’était hyper frustrant, j’avais un peu l’impression de revivre un confinement », confie Jules, grand impatient dans l’âme.
Entre frustration et inspiration
Malgré ces galères, Jules refuse de repartir bredouille. Les derniers jours, il retrouve un peu de jus et parvient à signer quelques croix (8a, 8b, 8c) et même à s’approcher de deux classiques de la grotte : « Illusionist » 9a, une voie ultra-bloc avec un jeté en 8B dès le départ et « Kangaroo’s Limb » 9a+, la version sans le jeté du projet qu’il travaille.
S’il avoue manquer encore d’énergie et de fraîcheur après ses pépins physiques, l’espoir reste intact : « Là, il me reste deux jours de grimpe avant de repartir, donc je vais tout donner pour essayer d’enchaîner quelque chose. J’espère pouvoir valider au moins « Kangaroo’s Limb », et pour la version avec le jeté, il faudra revenir l’année prochaine. »
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Le voyage n’est donc pas terminé, et Jules a encore quelques cartouches à jouer avant son avion du 20 septembre. « C’est très frustrant comme trip, mais en même temps très inspirant d’être ici et de voir toutes ces voies mythiques. »
Alors, croix majeure ou non dans les prochains jours, une chose est sûre : Jules Marchaland repartira avec un objectif clair en tête : revenir pour tenter de libérer l’un des projets les plus atypiques de Flatanger. « J’ai perdu beaucoup d’énergie à cause des des galères que j’ai eues, et mentalement, c’était pénible à gérer… Mais bon, je n’ai pas eu le choix. Les mois précédents m’ont plutôt bien souri, donc j’accepte, la vie continue ! J’ai hâte de m’entraîner pour préparer mes prochains projets ! », termine-t-il.
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