Chris Sharma aux Jeux Olympiques de 2028 ? Le pari fou de l’icône de l’escalade !

© Coll. Sharma
Voilà un titre qui sonne comme un poisson d’avril… Et pourtant l’idée n’a rien d’une blague ! Et si l’une des plus grandes légendes de l’histoire de l’escalade faisait son retour… sur la scène olympique ? Depuis quelques mois, une rumeur surprenante circule dans le monde de la grimpe : Chris Sharma, 44 ans, envisagerait sérieusement de tenter sa chance pour représenter les États-Unis aux Jeux Olympiques de Los Angeles 2028.
Sur le papier, l’idée semble presque irréaliste. Sharma, pionnier du 9a+, explorateur infatigable des plus belles falaises du monde et figure du deep water solo, n’a plus mis les chaussons en compétition internationale depuis plus de deux décennies. Pourtant, à l’image de sportifs comme Lindsey Vonn ou Michael Phelps qui ont envisagé un retour tardif, Sharma pourrait bien écrire une nouvelle page de sa légende.
Ce choix ne doit rien au hasard. Depuis l’introduction de l’escalade au programme des Jeux, Sharma observait de loin les premiers pas de notre sport aux JO. Mais depuis Tokyo 2021, l’horizon a changé : à Los Angeles, pour la première fois, la difficulté sera une discipline olympique à part entière. Pour le maître en la matière, qui a marqué l’histoire avec des voies mythiques comme « La Dura Dura » 9b+, « Sleeping Lion » 9b+ ou « Jumbo Love » 9b, c’est une porte qui s’entrouvre.

© Ricardo Giancola
Lors d’un entretien accordé récemment à Climbing Magazine, l’Américain installé en Catalogne, a partagé ses réflexions sur ce défi hors norme : ce qu’il attendrait d’une éventuelle aventure olympique, ce que lui inspire la nouvelle génération, et pourquoi, plus que tout, il grimpe aujourd’hui pour « garder la passion vivante ».
Je ne sais pas si je suis capable de me qualifier… même si, au fond, je crois que j’en suis capable !
Le retour surprise aux compétitions
L’automne dernier, Sharma avait déjà surpris la planète grimpe en participant aux Championnats Nationaux américains. Plus de vingt ans après avoir quitté le monde des compétitions, le Californien était remonté sur le mur, face à des grimpeurs deux voir presque trois décennies plus jeunes que lui.
« C’était incroyable de retrouver cette ambiance, d’être au contact des jeunes grimpeurs. Voir ce qu’ils font me motive énormément », confie-t-il depuis sa maison près de Barcelone.

© Coll. Sharma
Il faut dire que l’Américain n’est pas un inconnu dans l’arène compétitive. En 1995, il avait remporté les Championnats Nationaux… à seulement 14 ans ! À 15 et 16 ans, il s’était frotté aux Coupes du Monde, avant de quitter rapidement le circuit pour tracer sa voie sur le rocher, laissant derrière lui une carrière de compétiteur naissante. Mais l’entrée de l’escalade aux Jeux Olympiques a tout changé : « Je n’ai jamais eu l’opportunité de vivre ça dans ma vie. Pouvoir être aux Jeux représenterait un moment symbolique dans ma carrière, une forme de boucle bouclée. »
Je ne cherche pas à revivre mes 20 ans. Je suis dans une autre phase de ma vie, et c’est inspirant de trouver une motivation fraîche.
Un défi colossal… mais pas irréaliste
Mais Sharma n’est pas dupe : le niveau en compétition n’a jamais été aussi élevé. Les jeunes qui dominent aujourd’hui les circuits – Sorato Anraku, Dohyun Lee, Max Bertone, Janja Garnbret, Chaehyun Seo, Ai Mori – s’entraînent depuis l’enfance dans un format spécifiquement orienté vers la compétition.
Face à eux, Sharma admet son retard, mais garde espoir : « Je ne sais pas si je suis capable de me qualifier… même si, au fond, je crois que j’en suis capable ! »

© Coll. Petzl
Le véritable obstacle n’est pas seulement physique. À 44 ans, Sharma est aujourd’hui un père de famille, entrepreneur à la tête de salles d’escalade, et toujours profondément passionné par les projets en falaise.
« Quand les sélections de l’équipe américaine ont eu lieu en mars, j’étais en plein dans des projets incroyables en Espagne. Il faisait beau, les falaises étaient parfaites. C’est très difficile de mettre ça de côté pour traverser le monde et participer à une compétition. L’un des principaux obstacles, c’est de trouver l’équilibre. J’ai encore tant de projets en falaise qui me passionnent… Mais en même temps, j’ai la chance d’avoir une salle ultra moderne pour m’entraîner. »

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Mais il reste pragmatique : 2026 sera une année charnière, avec les épreuves de sélection pour Los Angeles. « Je me laisse cette porte ouverte, sans me mettre de pression. Si les choses s’alignent, pourquoi pas ? L’essentiel, c’est de garder la passion vivante. »
Lui qui a toujours aimé repousser les limites explique que cette démarche n’est pas un retour nostalgique à ses années de gloire, mais une quête de renouveau : « Je ne cherche pas à revivre mes 20 ans. Je suis dans une autre phase de ma vie, et c’est inspirant de trouver une motivation fraîche. »
En parallèle, Sharma continue d’ouvrir des voies d’exception autour de chez lui, en Catalogne. Après « Vision Quest » (9a, deep water solo) en décembre dernier, il s’attaque désormais à une ligne gigantesque, 60 mètres de dévers dans la zone de Santa Ana. « C’est le genre de projet qui me fait vibrer », dit-il, tout en jonglant avec sa vie de père de famille et ses activités professionnelles.

© Coll. Petzl
Los Angeles 2028, pour boucler la boucle ?
Et si l’histoire s’écrivait à Los Angeles, à quelques kilomètres de Santa Cruz où tout a commencé pour lui il y a près de 40 ans ? « Ce serait un incroyable retour aux sources, un moment de vie à part. On va voir, je vais laisser les choses se faire naturellement. »