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100 salles d’ici 2030 ! Voilà l’objectif ambitieux fixé par François Petit pour les salles d’escalade Climb Up.

L'immense salle de Climb Up Aubervilliers

Avec plus de 31 salles actuellement en France, Climb Up est déjà le plus grand espace de salles d’escalade au monde. Fondé en 2011 par un champion du monde d’escalade, le groupe vise une expansion continue pour rendre l’escalade accessible à tous.

Atteindre 100 salles en 2030 signifie viser 10 millions de visites annuelles, un chiffre d’affaires de 150 millions d’euros et presque 2000 collaborateurs chez Climb Up. Mais bien plus qu’une vision business, François Petit, le fondateur, multiple Champion du Monde d’escalade, souhaite rendre l’escalade accessible au plus grand nombre, de façon durable et éco-responsable. Nous sommes allés à sa rencontre pour en savoir plus sur ce projet de développement et sa vision de la grimpe. Rencontre.


Avant de commencer et de rentrer dans le vif du sujet, peux-tu rappeler à nos lecteurs qui tu es ?

Je suis le Président fondateur de Climb Up, leader avec 31 salles d’escalade en France. Ancien champion du monde d’escalade et ancien entraîneur national de blocs.

Avant d’être le grand patron de Climb Up, tu étais grimpeur de haut niveau, peux-tu revenir sur ta carrière en compétition et en falaise ?

Ça va être très long car c’est plus de 20 années de compétitions au plus haut niveau!

Après plusieurs titres de champion de France jeunes en 1988, 89, 90, j’ai gagné les championnats de France senior a 16 ans en 1991 devant François Legrand qui était déjà champion du monde d’escalade ! Ma dernière victoire remonte aux Internationaux de Serre-Chevalier en juillet 2001. Cette année là, j’ai également  fait un podium aux championnats du monde !

Et puis je n’oublie pas non plus mes 3 titres de champion du monde : cadet en 1992, junior en 1994, et senior en 1997. Et deux coupes du monde en 1995 et 1999.

Même si à l’époque il n’y avait que des compétitions de difficulté, j’étais connu pour mon niveau de force : entre 1996 et 1999, j’ai gagné la plupart des compétitions internationales de blocs dont celles du Top Rock challenge qui se déroulaient dans les stations de ski des Alpes, France, Italie, Suisse, et qui a donné naissance à la coupe du monde de bloc en 1999.

En ce qui concerne la grimpe dehors, j’ai commencé par la montagne, puis la falaise. En habitant à Albertville, en face du Mont Blanc, j’ai gravi le sommet à 10 ans ! Avec mon grand frère Arnaud, nous écumions les falaises, de Céüse, Buoux, Calanques. J’ai fait mon premier 8C+ à Orgon avec « Bronx » en 1994, puis le « Super plafond » a Volx début 1995. C’étaient les voies les plus difficiles de l’époque avec « Action directe » de Gullich.

Quand et comment es-tu arrivé à la tête de Climb Up ?

C’est aussi une longue histoire car en faisant mes études d’ingénieur à l’INSA de Lyon, j’ai commencé à grimper à Mur Mur Lyon, et à ouvrir des voies, des blocs avec mes copains de l’INSA. J’ai trouvé que les salles d’escalade étaient un vrai moyen de démocratiser l’escalade en la rendant accessible. A la fin de mes études, j’ai fait un projet de fin d’études sur la conception d’une salle d’escalade de nouvelle génération, avec des espaces de blocs, des espaces de voies, des espaces pour enfants, des espaces bien être… le concept Climb Up était né, mais il m’a fallu quelques années avant de me lancer dans l’aventure entrepreneuriale !

Entre la fin de mes études en 2001 et la création de Climb Up, j’ai travaillé à Mur Mur comme responsable du développement, directeur technique avant de prendre la direction de la salle de Mur Mur Lyon, qui est devenu Le Mur de Lyon, puis Climb Up Lyon.

C’est en 2010 que le fondateur de cette salle a souhaité vendre et prendre sa retraite. Comme j’étais directeur de la salle, c’est un peu naturellement que j’ai racheté ses parts, et que j’ai créé ma holding Climb Up. C’est à partir de ce moment là que j’ai voulu développer ou reprendre 1 salle par an… et au lieu d’une salle par an, c’est plutôt 2 ou 3 salles par an, grâce à des opportunités de rachats, de création, de rencontres qui ont accéléré le développement du groupe Climb Up!

Comment se sont passés les débuts de cette nouvelle aventure ?

La reprise du Mur de Lyon, plus grande salle d’escalade de France était déjà un beau challenge, un engagement financier important car j’avais contracté un prêt bancaire pour réaliser cette reprise. Mais le management de l’équipe m’a plu, les projets d’améliorations, d’agrandissement de la salle ont permis d’avoir une belle dynamique avec l’équipe et les clients.

Par contre, comme en compétition, il y a toujours des moments de doutes, de remise en cause. C’est une de mes qualités, et aussi un point faible pour moi, mais cela permet de ne pas avancer la tête baissée sans réfléchir !! Les travaux que nous avons réalisés à la salle, pour améliorer le service clients et l’expérience clients, ont porté leurs fruits, et nous avons élargi les horaires d’ouverture en créant les horaires Happy Hours, c’est le cercle vertueux de la bonne dynamique.

J’ai ensuite repris une salle à Dijon, puis à Limoges, en appliquant la même recette : améliorer le service client en réalisant des travaux, en optimisant le fonctionnement de la salle… et cela à aussi permis de développer rapidement l’activité de ces salles, de plus de 30% par an depuis 8 ans (hors COVID) La première salle conçue de mes propres plans, dessinés/imaginés les nuits, et mis au propre par mon architecte est celle de Bouc Bel Air. Je m’étais battu pour obtenir le prêt car c’était une construction neuve sur un terrain de DECATHLON. Et notre business plan a été dépassé de plus de 75% avec une activité très forte : l’escalade était en pleine ascension ! Et c’est toujours le cas, puisque de nombreuses salles voient le jour. La réussite de ces salles vient de l’implantation, et de la gestion de la salle/l’équipe. Je travaille dans des salles d’escalade depuis 25 ans, j’ai comparé la gestion des salles dans les différents pays européens, et Climb Up est maintenant bien structuré pour continuer son développement.

Aujourd’hui, Climb Up en chiffres ça donne quoi ?

31 salles, dont 3 en licence de marque a Nancy, Saint Etienne et Le Mans. C’est 3,2 millions d’entrées et surtout 340.000 nouveaux clients qui sont entrés dans nos salles !! Nous initions de nombreux nouveaux grimpeurs, jeunes ou moins jeunes, dont 48% de femmes. Nous avons une école d’escalade très importante avec 12.000 enfants dans nos cours à l’année, en plus de toutes les activités enfants pendant les vacances scolaires. Nous sommes fiers de faire découvrir l’escalade aux jeunes, à travers ces cours d’escalade ou lors des activités scolaires (collèges, lycées), aux personnes à mobilité réduite, à tous les publics car l’escalade est un sport magnifique, équilibré et équilibrant!

Le prochain projet pour Climb Up, c’est d’avoir 100 salles en 2030. Parle-nous de cet objectif.

En 2018 lors de ma première grande levée de fonds, c’était l’objectif que j’avais fixé pour 2025. Nous étions dans notre plan de développement avec les différents rachats de salles opérées en 2018 et 2019 (2 salles Roc Altitude, 2 salles Grimper, Aubagne, Confluence, 3 salles What’s up, Chambéry) ainsi que les nouvelles salles construites comme Brest, Angers, Caen, Porte d’Italie, Mulhouse, Lille Centre, Aubervilliers, Cergy, Saint-Etienne …mais le COVID nous a stoppé dans notre élan.
Nous avons fait face à une situation compliquée en fermant l’accès à nos salles alors que nous devions toujours payer nos loyers ! Les aides de l’Etat ne compensaient pas nos charges, moins de la moitié même. Nous avons donc fait des prêts Garanties par l’Etat, puis avons levé un Fonds de dettes pour terminer de construire/aménager nos salles. Notre situation s’est améliorée mais nous avons toujours une dette importante.

Je ne baisse pas les bras, et nous devons reprendre le développement en 2025 afin de continuer à baisser nos charges d’exploitation, en réalisant des économies d’échelles (achats, communication), et en devenant plus attractif pour nos clients. Le développement de ces nouvelles salles se fera en aménageant de nouveaux lieux de vie axés sur l’escalade, en licence de marque, et en reprenant des salles existantes.

En imaginant que cet objectif soit atteint, ça donnerait quoi en chiffres pour Climb Up ?

  • 100 salles !
  • 10 millions d’entrées par an
  • 40.000 enfants en cours d’escalade chaque semaine dans nos salles!
  • 1 millions de nouveaux clients chaque année
  • 3 fois plus que maintenant!

Pourquoi vouloir à tout prix ouvrir plus de salles ?

J’adore mon sport, et je pense que l’escalade est un sport magnifique pour le bien être physique, mental et social de tous, en France, en Europe et dans le monde. Je suis confiant dans le fait que l’escalade va continuer à se développer, à attirer de plus en plus de monde! Et comme je suis un compétiteur né, je souhaite être un acteur de référence dans ce domaine, comme je l’avais été en tant que champion du monde d’escalade!

Quel est le cahier des charges pour les actuelles/futures salles Climb Up ?

Nous avons réalisé ces trois dernières années de grandes salles d’escalade, des cathédrales de l’escalade avec Aubervilliers qui est l’une des plus grandes salles d’escalade au monde avec 6500m² de surface au sol, 4500m² de surface grimpable. Nous souhaitons continuer de mailler le territoire en France avec des salles plus petites, axées sur le bloc. Et nous souhaitons développer de belles cathédrales Climb up dans les grandes agglomérations européennes. Nos salles seront proches des transports en commun car 45% de nos émissions de CO² proviennent du déplacement de nos clients, avec des salles qui ont des production et consommation d’énergie plus efficientes. Nous réalisons donc des travaux dans nos salles actuelles afin de diminuer la consommation d’énergie.

Penses-tu que les J.O de Paris vont avoir un impact sur la fréquentation des salles ? Y vois-tu une opportunité ?

Oui, bien sûr! L’escalade sera mise en valeur sur les chaînes nationales : nous l’avons déjà avec les qualifications à Budapest avec des directs tout au long des demi-finales, des finales sur France 3 et France 4!

Nous avions déjà vu une augmentation de notre activité après les championnats du monde de Munich en août 2022.
La France à de supers athlètes avec Oriane Bertone, Zélia Avezou, Sam Avezou et Paul Jenft (team Climb Up) en combiné, ainsi que Bassa Mawem, Manon Lebon et Capucine Viglione en vitesse, avec de bonnes chances d’obtenir des médailles. Ce sera donc un évènement qui va inciter les jeunes et moins jeunes à venir passer un bon moment dans nos salles, à se challenger avec les autres grimpeurs!

Penses tu qu’on va arriver à une saturation au bout d’un moment ? Si oui quand ? Comment vois tu l’avenir des salles ? 

Effectivement, il y a 20 a 30 nouvelles salles qui ouvrent chaque année, et certains ouvrent des salles d’escalade sans avoir assez d’expérience :

  • que ce soit au niveau de son implantation qui est un élément essentiel
  • du loyer maximum acceptable, car sinon, la salle ne sera jamais rentable, même si beaucoup de monde vient grimper
  • que ce soit sur l’aménagement des espaces afin d’attirer et fidéliser les client(e)s

C’est pour cela que Climb Up propose ses conseils, suite a plus de 15 ans d’expérience, sous forme de licence de marque ! Il y a déjà des salles d’escalade qui doivent mettre la clé sous la porte, et cela va faire réfléchir certains entrepreneurs, certains investisseurs.

Mais vu les avantages fondamentaux générés par notre belle activité : bien être physique, bien être mental, bien être social, accessible a tous : hommes – femmes de 3 a 97 ans…l’escalade va continuer d’attirer le grand public et les salles vont continuer d’ouvrir ces 10 prochaines années. Il y aura sûrement une consolidation du marché, comme nous l’avions initié depuis la création de Climb Up avec la reprise du « Mur de Lyon » en 2011. 14 salles sur nos 31 salles sont des reprises, et chaque reprise est une réussite !

À terme, je pense donc que la France comptera près de 500 salles d’escalade en 2030.

Un dernier mot à ajouter ?

Je suis très fier que l’escalade soit aux J.O : j’étais en 1992 à Albertville pour présenter l’escalade au CIO lors des J.O d’hiver. Le chemin a été long, et ce sont les enfants de mes amis de l’équipe de France de l’époque qui sont aux J.O cette année : Cécile Avezou, Didier Raboutou. L’escalade est une belle famille, c’est un sport qui rapproche, qui a de belles valeurs de respect et d’humilité, en accord avec les J.O ! Vive l’escalade, vive la France, Vive les J.O !

Publié le : 22 juillet 2024 par Charles Loury

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