Margo Hayes sort du silence et se confie sur son combat contre les maladies
La grimpeuse américaine Margo Hayes s’est récemment exprimée au sujet de maladies dont elle souffre depuis plusieurs années. Après avoir gardé cela confidentiel pendant des années, elle a révélé avoir contracté la maladie de Lyme ainsi que trois autres infections, ce qui explique son activité en dent de scie.
En 2017, Margo Hayes faisait sensation. En février, elle devenait la première femme à enchaîner une voie cotée 9a+. Une prouesse historique qu’elle a réalisée en gravissant la célèbre voie « La Rambla » à Siurana, en Espagne. Un véritable exploit qui a marqué une étape importante dans l’Histoire des performances féminines en escalade. Quelques mois plus tard, en septembre de la même année, l’Américaine de 19 ans enfonçait le clou en réitérant un tour de force dans « Biographie » 9a+ à Céüse. Deux ans plus tard, elle ajoutait un troisième 9a+ à son carnet de croix en venant à bout de « Papichulo » à Oliana en Espagne.
Depuis, Margo s’est faite plus discrète sur la scène nationale et internationale. Elle a manqué sa qualification pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2020, et n’a plus réussi à enchaîner de voies dures en falaise. Mais il y a quelques jours, l’Américaine maintenant âgée de 26 ans est sortie du silence. Dans un long témoignage qu’elle a livré sur ses réseaux sociaux, elle a dévoilé souffrir de trois maladies chroniques ainsi que de la maladie de Lyme.
« Cela fait très longtemps que j’hésite à en parler, commence-t-elle. Je déteste montrer mes faiblesses. Je n’aime pas me plaindre ou jouer la victime. Mais il est temps de crever l’abcès… J’ai été très malade ».
Margo nous apprend qu’elle a contracté la maladie de Lyme et trois co-infections (la babésia, la bartonella et la fièvre récurrente à tiques) à Red River Gorge, il y a des années. « Cette maladie a eu un impact significatif sur ma santé et sur ma capacité à grimper au niveau auquel j’étais habituée », explique-t-elle.
La maladie de Lyme s’accompagne d’une pléthore de symptômes, qui varient souvent d’un individu à l’autre. Les plus courants sont des douleurs articulaires, des paralysies localisées, une faiblesse musculaire, de la fatigue qui n’est pas soulagée par le repos, parfois même une hépatite ou une inflammation des yeux.
Certains jours, je peux m’entraîner pendant 6 heures ou grimper dans des projets en 9a. D’autres jours, je suis clouée au lit et je manque de m’évanouir en me mettant debout. J’ai souffert de fatigue et de douleurs chroniques, de migraines débilitantes, de problèmes neurologiques, de problèmes cardiaques, et j’en passe…
Margo Hayes
Alors qu’elle n’avait jamais évoqué cette maladie, elle a décidé d’en parler afin de la faire connaître et de soutenir d’autres personnes dans des situations similaires. Face aux critiques qu’elle a reçues au fil des ans pour ses performances irrégulières en tant que grimpeuse de haut niveau, elle affirme que les gens ne devraient pas se juger les uns les autres sans connaître véritablement l’intimité des personnes.
« Ma carrière dans le haut-niveau m’a bien souvent mise en porte-à-faux. J’ai souvent risqué ma santé et mon bien-être pour remplir des obligations ou partir en voyage afin d’essayer des voies pour lesquelles mon corps n’était pas prêt. J’ai aussi dû mettre de côté un grand nombre de mes objectifs parce que j’ai été bloquée par des fièvres et des frissons, des nausées pendant des semaines, raconte Margo. L’automne dernier, j’ai passé près de deux mois seule, sous perfusion cinq heures par jour. Mais grâce à l’aide de médecins, j’ai finalement décidé de prendre ma santé en main, d’écouter mon corps, d’apprendre à me reposer (l’une des choses les plus difficiles pour moi), d’être proactive dans mes traitements et de me soucier de mon bien-être », poursuit-elle.
On me demande souvent : « Mais où étais-tu ? », « pourquoi n’as-tu pas encore grimpé de 9b ? ». Les gens me disent « Tu devrais vraiment te remettre à grimper fort ». On m’envoie même des commentaires de haters qui critiquent quand je poste des vidéos où je ne grimpe « que » des 7C sur la Kilterboard.
Margo Hayes
Margo, qui est également passionnée d’art et de mode, est également consternée de voir à quel point le fait d’avoir de multiples facettes est parfois méprisé au sein de la communauté de l’escalade, notamment pour les femmes. « Tout ce que je fais de créatif dans la mode ou l’art est souvent perçu comme une sorte de déception par la communauté des grimpeurs, et interprété comme une distraction ou comme le fait que je ne prenne plus le sport au sérieux. Il faut que ça change », affirme-t-elle.
Pour répondre à certaines questions que l’on me pose sans cesse, oui, je continue à grimper tout le temps, parce que c’est ma passion, mon travail et l’une des plus grandes parties de ma vie. Oui, j’ai encore des objectifs. 9b ? Peut-être. Je n’aime pas mettre de limites à ce que je pense pouvoir faire. Alors pourquoi pas. Nous verrons bien.
Margo Hayes
Margo remercie également ses fans et ses sponsors de voir en elle plus qu’un simple numéro. « Plus qu’une simple Miss 9a+, rajoute-t-elle. J’espère être un modèle, pas seulement en raison de mes exploits sportifs. Je veux que l’on se souvienne de moi pour ma gentillesse, ma créativité, mon ambition et ma résilience en tant que femme dans ce monde de fous », termine-t-elle.
La maladie de Lyme, particulièrement contractée par les grimpeurs
La maladie de Lyme est une infection bactérienne qui se transmet principalement par la morsure de tiques infectées, que l’on trouve souvent dans les zones boisées et humides, les herbes hautes des prairies, les jardins et les forêts. Comme la plupart des spots d’escalade que nous fréquentons régulièrement !
Les grimpeurs que nous sommes sont particulièrement exposés au risque de contracter la maladie, compte tenu des lieux où nous pratiquons notre sport. Nous avons tendance à passer de longs moments en contact avec la végétation, à nous asseoir dans l’herbe au pied des falaises, ou à nous reposer sur des surfaces où les tiques peuvent être présentes.
Les tiques sont courantes ! Elles existent partout aux États-Unis et dans le monde entier. En tant que grimpeurs, nous devons prendre ces petites créatures méchantes au sérieux. La maladie de Lyme peut changer la vie, surtout si elle n’est pas traitée et devient chronique, comme ce fut le cas pour la mienne.
Margo Hayes
La période la plus propice à la présence de tiques est celle des mois chauds, plus précisément, en France, du printemps au début de l’automne, c’est-à-dire de mai à octobre. Les températures chaudes et l’humidité relative plus élevée constituent un environnement idéal pour la croissance des tiques et la recherche d’hôtes dont elles se nourrissent.
Après une morsure (ou piqûre) de tique, il est important d’extraire la tique le plus vite possible. En effet, si la tique est porteuse de la bactérie Borrelia, le risque de transmission de cette bactérie, responsable de la maladie de Lyme, augmente avec la durée d’attachement de la tique à la peau. Après une sortie en falaise, pensez à inspecter le plus rapidement possible tout votre corps car les morsures de tiques ne doivent pas passer inaperçues. Si une tique est présente, retirez la le plus rapidement possible, en utilisant un tire-tique (vendu en pharmacie).