L’association « ACTS » dénonce les Neom Beach Games avec une lettre ouverte adressée à l’IFSC
Vous avez certainement dû en entendre parler: il y a quelques semaines se sont tenus les « Neom Beach Games », 2ème édition de cet événement international intégrant plusieurs sports dont l’escalade pour la première fois cette année. Et si vous en avez entendu parler, ce n’est certainement pas pour son aspect sportif, mais plutôt par la polémique mondiale qui s’en est suivi.
Pour remettre les choses dans leur contexte, il est essentiel de rappeler que les Neom Beach Games sont avant tout une vitrine pour un projet pharaonique en Arabie Saoudite: le projet Neom. Le projet Neom, c’est un projet de ville ultra futuriste de 160 km de long sur 200 m de large, en plein désert, et où l’impact environnemental est annoncé comme très faible. Des plages qui brillent dans le noir. Des milliards d’arbres plantés dans un pays dominé par le désert. Des trains en lévitation. Une fausse lune. Une ville sans voiture et sans carbone construite en ligne droite, voilà ce que promet le projet Neom.
Ça c’est ce qu’on peut lire sur le site officiel du projet qui communique à grand coup de marketing vert. Mais comme vous pouvez vous en douter, si la communauté internationale de l’escalade s’est fortement opposée à cette compétition vitrine, c’est que le projet Neom n’est pas blanc comme neige… En effet, l’Arabie Saoudite est entre autre accusée de bafouer les droits humains en condamnant à mort tous ceux qui s’opposeraient à ce projet. Et oui, les quelques tribus vivants dans le désert ne pèsent pas bien lourd face à ce rouleau compresseur estimé à 500 milliards de dollars. D’autre part, le marketing écologique autour de ce projet pharaonique semble occulter le désastre environnemental de sa propre construction. Les contours sont encore flous mais tout laisse à penser que le greenwashing Saoudien est en marche.
Dans ce contexte, l’association « ACTS » (Action Collective de Transition pour nos Sommets) a décidé d’écrire une lettre ouverte à destination de l’IFSC qui s’est associée aux Neom Beach Games.
Notre démarche vise à mettre en lumière des préoccupations éthiques liées au partenariat entre le projet Neom et l’IFSC, ainsi qu’à questionner plus largement la politique environnementale et écologique de l’IFSC. En tant que membres dévoués de la communauté grimpe, nous croyons fermement en l’intégrité et l’éthique qui devraient sous-tendre notre sport. La lettre ouverte exprime notre inquiétude face à certaines connexions qui, selon nous, pourraient compromettre ces valeurs. Plus précisément, nous appelons à une transparence accrue sur les implications du projet Neom, ainsi qu’à une évaluation rigoureuse des impacts éthiques potentiels sur l’escalade en tant que sport. Notre objectif est de susciter une réflexion constructive au sein de notre communauté et de l’IFSC sur la direction que prend notre sport. Nous demandons ainsi dans la lettre la mise en place d’un comité éthique robuste au sein de l’IFSC, chargé d’examiner les partenariats et les décisions qui pourraient influencer l’éthique de l’escalade. Cette lettre ne vise pas à diviser, mais plutôt à encourager une conversation ouverte et transparente sur les choix qui façonnent notre communauté. Nous croyons que la clarté et la responsabilité sont essentielles pour maintenir l’intégrité de l’escalade. En partageant ces préoccupations, nous espérons encourager l’IFSC à prendre des mesures proactives pour garantir que notre sport reste fidèle à ses principes fondamentaux: respect des autres et de la nature.