Le contenu

ITW: quelques mots avec Bassa Mawem, premier français qualifié pour les JO de Paris 2024

© Jan Virt

Le 3 aout 2021, Bassa Mawem s’élançait dans la voie de difficulté du premier combiné olympique à Tokyo. Après quelques mouvements, il chutait suite à une énorme douleur dans le bras: le verdict était finalement tombé, Bassa souffrait d’une rupture totale du tendon inférieur du biceps. Après une opération et beaucoup de rééducation, l’ainé des frères Mawem était de retour à l’entraînement, avec pour objectif: terminer sa carrière en beauté aux JO de Paris 2024. Le compte à rebours était alors lancé, et c’est grâce à un entraînement acharné qu’il est parvenu hier à remporter le TQO Européen en vitesse, prenant ainsi son ticket pour les jeux 2024. C’est tout naturellement que nous l’avons contacté pour échanger avec lui sur cette belle victoire.


Tout d’abord un grand bravo Bassa ! Peux-tu nous dire comment tu te sens à chaud ? 

Dingue d’avoir réussi ce challenge, car oui c’était un vrai challenge d’aller sur cette compétition, de se dire « je peux gagner mais il y en a 12 autres qui peuvent aussi gagner » et de finir sur la plus haute marche du podium, c’est fou ! C’était hyper dense en terme de niveau, il fallait réussir à lâcher les quelques centièmes qui permettent la victoire, et c’est ce que j’ai réussi à faire, je suis trop heureux.

Raconte-nous un peu le déroulement de la compétition. 

Tout s’est bien passé, la veille j’était bien en forme, je me sentais bien, j’ai pu me reposer 2-3 jours avant la compétition. Le jour J, le practice et les runs d’échauffement se sont bien passés, j’avais de très bonnes sensations. J’ai réussi à mettre en place tout ce que je voulais, à me libérer l’esprit et réussir à faire mon max pour repartir de cette compétition sans aucun regret. J’ai tendance à me dire à l’entraînement: « le meilleur pour la fin ». C’est ce que je me suis dit tout au long de la compétition et ça a plutôt bien fonctionné …

Tu reviens de loin après ta blessure aux jeux de Tokyo, raconte nous un peu le processus de remise en forme jusqu’à arriver à un top niveau sur le TQO ?

Oui je reviens de loin, c’est sur…  Cette saison a été très compliquée: je suis passé de mon statut de numéro 1 mondial en 2019 à un statut où je tente de passer des qualifs sur des coupes du monde. La saison a été très longue nerveusement pour moi car je me prenais des claques sur chaque compétition. J’avais pour objectif de me qualifier pour les JO sur les « Series » l’année prochaine, et finalement j’ai eu une opportunité avec cette échéance à Rome, et je l’ai saisi. Trop content, surtout que comme je l’ai dit, le niveau est très dense, et en vitesse c’est impossible d’arriver sur une compétition et de se dire « je vais gagner », là je l’ai fait, c’est que du bonheur.

Comment va s’organiser l’année qui arrive jusqu’à Paris ?

Je ne sais pas trop encore, mais ce qui est sur, c’est que je vais déjà passer 2 mois en Nouvelle Calédonie pour me préparer: je m’y sens bien, il y a moins de sollicitations des médias, des sponsors, du boulot. J’en aurai besoin pour ne pas être perturbé dans mon entraînement en début d’année prochaine.

Ton frère Micka parlait de nombreux sacrifices pour l’escalade après son titre de champion du monde. J’imagine que c’est la même chose pour toi. Quel est l’envers du décors d’un grimpeur de haut niveau ?

Ce ne sont pas des sacrifices, ce sont des choix qui ont des dommages collatéraux. On est loin de nos proches, loin d’une vie classique, on n’a pas le temps de passer beaucoup de temps avec ceux qui nous suivent et nous supportent car on est tout le temps à l’entraînement, en voyage, on ne peut pas faire la fête ni profiter comme le commun des mortel. Et réussir à choper un titre de champion du monde ou réussir à prendre sa qualif pour les JO ça permet de donner du sens à tous ces efforts.

Qu’est-ce qu’il te manque pour aller chercher encore de meilleurs temps ?

Je ne pense pas qu’il me manque quelque-chose, il ne faut pas oublier que je reviens de blessure: Aout 2021 je me blesse, février 2022 je reprends l’entraînement, septembre 2022 je retrouve mon niveau de 2021, cette année  j’ai énormément progressé, et ce qu’il me manque c’est du temps ! Mais la bonne nouvelle c’est qu’en chopant ma qualif à Rome, ça me donne du temps pour me préparer, c’est une vraie chance et une réelle opportunité pour arriver le plus fort possible sur ces jeux. Je veux être le premier français à passer sous la barre des 5 secondes et  je vais m’entraîner pour ça.

Un dernier mot à ajouter ?

Merci à toutes les personnes qui nous soutiennent, les amis, la famille, ma copine, toute la communauté qui nous suit, merci vraiment, ça nous permet de donner du sens à ces victoires.