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Les 10 moments les plus mémorables de l’année 2022

Alors que l’année s’achève, l’heure du bilan a sonné. Après notre top 10 des vidéos les plus visionnées de l’année, la rédaction de Planetgrimpe vous propose de parcourir à nouveau l’année 2022 en dix moments marquants. Et quelle année 2022 incroyable ! Il y a eu plus d’enchaînement dans le neuvième degré que jamais auparavant, que ce soit en bloc ou en difficulté. Les jeunes grimpeurs sont de plus en plus forts et rendent l’actualité brûlante, tandis que le niveau ne cesse d’augmenter et que les femmes réalisent des exploits inédits.

Voici le récap des dix moments les plus forts de cette année 2022.

Shawn Raboutou, prince du neuvième degré en bloc !

Shawn Raboutou a connu une année de folie, en annonçant les premières ascensions de deux blocs dans le neuvième degré. Après avoir annoncé son enchaînement d’Alphane 9A en août, des rumeurs ont circulé selon lesquelles il avait également réalisé un autre bloc en 9A. Il a finalement mis fin à ces rumeurs en annonçant la première ascension du projet Megatron dans le Colorado. Il a attribué à cette ligne ultra physique la cotation de 9A, qui est actuellement la plus haute cotation au monde en bloc.

© Matty Hong

L’incroyable semaine d’Adam Ondra

Après une grosse année 2022, avec notamment la première ascension de « Wonderland » 9b/+ à Arco, Adam Ondra a connu l’une des semaines les plus folles de tous les temps. Il a d’abord effectué la première ascension d’une voie qu’il qualifie comme « la deuxième voie la plus dure de ma vie », avec « Zvěřinec » 9b+ sur sa falaise locale en République Tchèque. « Je projetais cette voie en avril, car elle est proche de chez moi et ma femme et moi attendions notre petit garçon, qui est né début mai. Puis, il a fait trop chaud en été, alors j’y suis retourné cet automne. En novembre, les nuits étaient froides et les journées chaudes, ce qui signifie que la roche était fraîche et humide. Le 20 novembre, il faisait zéro degré pendant la journée et le ciel était couvert. Le moment était idéal pour faire la croix ! », avait-il déclaré.

Trois jours plus tard, Ondra a ouvert un nouveau 8C/+ bloc. Il a commencé la journée en flashant « Vnitřní svět vítězů » 8A+ à Moravian Karst. Il s’est ensuite rendu à Sloup où il a retrouvé un projet sur lequel il avait travaillé au printemps. Ce bloc, nommé « Pohár Nesmrtelnosti » (ou « Cup of Immortality » en anglais), peut être soit 8A+ soit 8B+ selon la hauteur à laquelle le grimpeur commence. Au printemps, Ondra avait travaillé sur une extension du bloc, valant à elle seule 8A/+. Après avoir enchaîné la version très physique en 8B+, Adam a réussi à poursuivre dans la nouvelle sortie, réalisant la première ascension de « Pohár Nesmrtelnosti prodloužení » et proposant la cotation de 8C/+

Le Tchèque a terminé sa semaine en enchaînant à vue « Water World » 9a dans la grotte Osp en Slovénie. Cette voie n’est pas le premier 9a qu’Adam enchaîne à vue, mais c’est son premier en plus de huit ans. En juillet 2013, il a été le deuxième grimpeur de l’Histoire à réussir une voie à vue dans le neuvième degré, avec son enchaînement de « La Cabane au Canada » en Suisse. Mais il avait alors décoté la voie à 8c+, laissant à Alex Megos l’honneur d’être le premier à franchir ce niveau de difficulté à vue avec « Estado Critico » à Siurana, en Espagne, en mars 2013.

© Petr Chodura

« DNA », la deuxième voie en 9c de la planète, proposée par Seb Bouin

En plus de la première ascension de « Suprême Jumbo Love », le premier 9b+ d’Amérique, Seb Bouin a connu l’une des meilleures années de sa vie de grimpeur. Il a réalisé la deuxième ascension de « Change » 9b+, la première ascension de « Nordic Marathon » 9b/+ et surtout, la première ascension de « DNA » 9c à La Ramirole, dans les gorges du Verdon.

En 2017, Adam Ondra libérait « Silence » en Norvège et lui attribuait la cotation de 9c. « Silence » était la seule voie de ce niveau jusqu’en 2020, quand Alex Megos a proposé « Bibliographie », suggérant à son tour la cotation de 9c. L’année suivante, Stefano Ghisolfi a décoté la voie à 9b+, ce qu’a finalement approuvé Megos. Notre français Seb Bouin a équipé « DNA » il y a trois ans et a déclaré avoir essayé plus de 250 fois cette ligne en 150 jours, avant de finalement clipper le relais. Cette voie surplombante de 50 mètres commence par un 8c+, passe par des pas de bloc En 8A puis 8A+ et se termine par un autre passage en 8c+. Il a attribué à cette voie la cotation de 9c et attend patiemment que d’autres grimpeurs viennent l’essayer.

© Lena Drapella

Théo Blass, plus jeune grimpeur à enchaîner un 9a

Restons dans le clan tricolore avec l’incroyable performance de Théo Blass, qui est devenu le plus jeune grimpeur à réaliser un 9a, alors que le même jour, sa sœur Alizée clippait le relais de son premier 8a à neuf ans. Théo est entré dans l’Histoire l’hiver dernier lorsqu’il est devenu le plus jeune à grimper un 9a, à seulement 12 ans et neuf mois. Le jeune français a enchaîné « Trip Tik Tonik » 9a aux Gorges du Loup, après l’avoir essayé pendant une dizaine de séances. Le précédent plus jeune grimpeur à avoir enchaîné du 9a était Gianluca Vighetti, qui avait deux mois de plus que Théo. Plus jeune, Théo avait annoncé vouloir battre Adam Ondra, qui avait réalisé son premier 9a à 13 ans. C’est chose faite !

© Thibault Pawlas

Une ascension historique par un trio féminin

Matilda Söderlund, Sasha DiGiulian et Brette Harrington ont fait la première répétition de « Rayu », une grande voie de 610 mètres divisée en 15 longueurs et cotée 8c sur Peña Santa, en Espagne. Il s’agit de la grande voie la plus dure jamais réalisée par une équipe de grimpeuses. Sasha DiGiulian et Matilda Söderlund ont enchaîné la longueur crux en 8c, tandis que Brette Harrington a réalisé toutes les longueurs sauf la plus dure, qui aurait été son premier 8c. « La voie étant principalement du trad, ce sont les compétences de Brette Harrington et de Matilda Söderlund, le soutien, l’amour, la motivation et l’engagement dans ce projet d’un mois qui ont rendu cette ascension possible. Je suis très fier de notre équipe ! Ceci marque le big wall le plus dur réalisé par une équipe entièrement féminine. » a déclaré Sasha DiGiulian suite à cet exploit.

Cette grande voie a été libérée par Iker Pou, Eneko Pou et Kico Cerdá après cinq semaines d’efforts, en 2020. Elle remonte plusieurs longueurs difficiles qui impliquent une escalade engagée et des placements techniques. La première moitié de « Rayu » est principalement dans le septième degré, tandis que les longueurs les plus difficiles se trouvent en haut du mur.

Une première victoire en Coupe du Monde pour Mejdi Schalck

Le dimanche 22 mai, le Français Mejdi Schalck s’offrait sa toute première médaille d’or en Coupe du Monde, à Salt Lake City. Mejdi Schalck a vécu une année incroyable ! Exactement un an après son premier podium en Coupe du Monde, le grimpeur de 18 ans décrochait sa première victoire mondiale.

S’étant qualifié de justesse pour les finales, Mejdi Schalck était le premier grimpeur à faire face aux quatre blocs de finale. Et dès les premières secondes de la compétition, notre Français donnait le ton : il ne passera pas plus de 40 secondes dans le premier bloc du circuit ! Le deuxième bloc ne lui posera quasiment aucune difficulté non plus. Après un premier essai de calage, il parvient lors de sa deuxième tentative à venir à bout de ce passage. Le troisième tracé n’était autre qu’une dalle, l’un des styles dans lequel notre Français excelle tout particulièrement. Il s’offrait un nouveau top, avant de finir en beauté dans le dernier bloc des finales, qu’il toppera d’une main de maître. Il remportait ainsi cette Coupe du Monde, devenant le premier non-Japonais à s’imposer en finale depuis un an et le premier Français depuis 2019.

© IFSC

La journée en 8c de Bayes Wilder

Il y a un mois, l’Américain Bayes Wilder, 11 ans, bouclait un trip mémorable en Espagne. Le jeune Américain démarrait fort son séjour en enchaînant son premier 8a à vue, avec « Pollastre de Granja ». Les jours suivants, entre deux essais dans des projets difficiles, le jeune grimpeur enchaînait une multitude de voies dans le huitième degré, dont « Meconi » 8a, « Pur et Dur » 8a+ et « Esau Directe » 8a+. Le 23 novembre, il frappait de nouveau un grand coup en clippant le relais de « Freeman » 8a et « Sargantana Killer » 8a+, dans la même journée.

Mais le jour le plus incroyable de son voyage fut deux jours plus tard, le 25 novembre. Il a commencé à Santa Linya le matin, dans son projet en 8c « La Fabelita », qu’il enchaînera à son troisième essai. Il s’est ensuite rendu à Margalef, afin de travailler sur son autre projet, « Mistic » 8c également. Vous devinez la suite de l’histoire : le jeune prodige américain a enchaîné la voie lors de son tout premier essai de la journée. Et comme si le fait de réussir deux 8c en une journée à l’âge de 11 ans n’était pas assez impressionnant, il a terminé la journée par un 8a, « Dr. Feelgood ».

La compétitrice Chaehyun Seo  s’offre un 9a+

En novembre, la grimpeuse sud-coréenne Chaehyun Seo a enchaîné « La Rambla » 9a+ à Siurana, en Espagne. Il ne lui a fallu que cinq jours et sept essais pour réaliser cette mythique ligne. Plus tôt dans l’année, Chaehyun a été l’une des compétitrices les plus redoutables du circuit des Coupes du Monde, atteignant souvent les finales et battant même la médaillée d’or olympique Janja Garnbret. Si elle s’entraîne principalement pour performer en compétition, la Coréenne s’octroie toutefois quelques week-ends en falaise. Alors qu’elle n’avait que 11 ans, elle avait enchaîné à vue un 8a, avant d’enchaîné « Omaha Beach », son premier 8b+, deux ans plus tard. En juillet 2018, Seo rentrait dans le club du neuvième degré en réalisant « Bad Girls Club », aux États-Unis.

Trois jours après son exploit dans « La Rambla », Chaehyun a enchaîné à vue « L’atangonista » 8c, une voie monstrueuse de 60 mètres à Monstant, en Espagne. Grâce à cette croix, elle est devenue la deuxième femme à avoir franchi à vue ce niveau de difficulté, après Janja Garnbret. Chaehyun a déclaré qu’elle s’était battue pendant près d’une heure dans la voie pour réussir cette ascension.

© Bernardo Giménez

Les grimpeurs de vitesse, plus rapides que jamais !

Lors de la Coupe du Monde de Chamonix en juillet, Katibin Kiromal a établi son cinquième record du monde de vitesse consécutif, avec un temps de 5,00 secondes. En 2022, l’escalade de vitesse est le sport qui a progressé le plus vite.

Il y a eu sept nouveaux records du monde en 14 mois. Le premier record du monde de Katibin date d’il y a un an, lorsqu’il participait à sa toute première Coupe du Monde de vitesse. C’était à Salt Lake City en 2021, et il avait signé un run en 5,25 secondes. Lors de cette même compétition, son compatriote Leonardo Veddriq, avait surenchéri en établissant un chrono de 5,20 secondes. Après son coup d’essai en mai 2021, la machine Kiromal s’était ensuite mise en route pour une impressionnante série de records. En l’espace de deux mois, l’Indonésien a battu cinq fois le record du monde, améliorant sur chaque compétition son propre temps : 5,17 secondes en Corée du Sud, 5,10 secondes à Salt Lake City, 5,09 et 5,04 secondes à Villars et 5,00 secondes à Chamonix. Le rythme auquel le record du monde s’est amélioré cette année est presque sans précédent dans l’Histoire du sport moderne.

© IFSC

La Française Soline Kentzel, plus jeune grimpeuse à enchaîner El Cap en libre

À 21 ans, Soline Kentzel devient la plus jeune grimpeuse à atteindre le sommet d’El Cap, en libre par la célèbre voie « Golden Gate ». En avril, elle et Seb Berthe ont libéré les 36 longueurs de « Golden Gate », sur la face sud-ouest d’El Capitan. Soline a découvert l’escalade il n’y a que très peu de temps, et est tombée amoureuse de cette pratique. Cette ascension était sa première grande voie d’envergure. Soline et Seb ont grimpé en réversible sur les longueurs les plus faciles et enchaîné les longueurs les plus dures (7a+ et plus) en tête tous les deux. La cordée aura mis deux jours pour atteindre la longueur 17. Puis, la neige et le froid se sont invités à cette aventure, contraignant les deux grimpeurs à prendre des jours de repos forcés, complètement frigorifiés dans leur portaledge.

« Nous avons traversé une tempête de neige épique et des averses de pluie qui ont fait de la vie sur ce mur un véritable défi. Nous avons dû nous serrer dans le tout petit portaledge que nous avions apporté en essayant constamment d’éviter d’être mouillés et gelés… Il faisait si froid, qu’un de nos sacs de couchage est devenu totalement rigide et glacé. Mais nous avons pu garder un haut degré de motivation et nous sommes retournés grimper dès que le mur était sec ! Pendant les jours de grimpe plus ensoleillés, la glace fondait du haut du mur, projetant sur nous des morceaux de glace impressionnants. Toutes les cinq minutes, les dés étaient lancés : il fallait arrêter de grimper et se coller contre le mur en attendant que ces morceaux de glace tombent tout autour de nous », déclarait Seb Berthe.

Alternant entre jours de repos et jours de grimpe, la cordée avancera et atteindra finalement le sommet de « Golden Gate » lors de leur neuvième jour. « Mon cœur est léger, je suis soulagée, mais, surtout, terriblement fière : de ce que mon corps est capable de faire, de ce que ma tête peut encaisser, et, par-dessus tout, de la grimpeuse que je suis devenue », confiait Soline.

Publié le : 01 janvier 2023 par Nicolas Mattuzzi

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