« De très bons résultats mais Il y avait la place et le niveau pour être encore plus performant » : Nico Januel fait le bilan de l’équipe de France de bloc à Munich
Alors que l’équipe de France a brillé sur les championnats d’Europe de Munich 2022, avec un total de 4 médailles (2 en bloc avec Sam Avezou et Oriane Bertone, 1 en difficulté avec Manon Hily et une en vitesse avec Guillaume Moro), nous sommes allés à la rencontre de Nico Januel, coach de l’équipe de France de bloc, afin de faire un bilan de ce championnat. C’est sans détour qu’il a répondu à nos questions.
Qu’as-tu pensé de la compétition dans son ensemble? (ouverture, organisation, …)
La compétition était tout simplement incroyable. Le lieu, les infrastructures, l’organisation et toute la dynamique autour avec les autres athlètes et disciplines. C’était vraiment une excellente expérience, proche de mini JO.
L’ouverture c’est un sujet de spectateur, ça n’est plus mon problème quand la compétition arrive. Je dois essayer de préparer les grimpeurs au mieux en amont pour répondre aux problèmes posés le jour J. Mais les grimpeurs, entraîneurs, proches, qui émettent des jugements de valeurs sur l’ouverture passent complètement à côté de ce qui nous intéresse: nous adapter et être bons dans le maximum de situations. Ceux qui pleurnichent, aussi forts soient-ils, avouent leur faiblesse.
Peux tu nous faire un retour sur les performances de l’équipe de France en bloc et les pistes de travail pour la suite?
Les performances, c’est du cas par cas, mais elles ont globalement été bonnes voir très bonnes. Les résultats ont été très bons même si je suis reparti un peu frustré car je pense qu’il y avait justement la place et le niveau pour être plus performant. Mais c’est déjà vraiment très bien vu la moyenne d’âge de l’équipe. Pour le travail à engager, c’est également très individuel. On dira qu’en vue de Paris, on est globalement quand même plus a l’aise en bloc qu’en difficulté aujourd’hui.
Que penses-tu de ce nouveau format du combiné?
Encore une fois, je n’ai pas de jugement de valeur à émettre. Cela dit je sais qu’il y’a un travail engagé par l’IFSC pour apporter de petites modifications et notamment rééquilibrer la place de la difficulté. Je pense que ça ferait sens vu ce qu’on a vu sur cet événement. On peut difficilement envisager d’aller aux JO avec ce format sans évolution.
Les athlètes français ont brillé dans leurs disciplines de prédilection mais ont encore du mal à sortir le grand jeu dans les deux disciplines, bloc et difficulté, comment l’expliques-tu?
Ils sont encore jeunes. C’est déjà très bien d’être performant et de gagner un résultat sur une discipline. C’était le choix fait pour Oriane notamment. Aller chercher une médaille individuelle en grand championnat, ce n’est pas anodin. C’est une expérience riche et j’espère que ça lui apportera beaucoup pour la suite. Quand on est stabilisé à un très haut niveau dans une spécialité, on peut envisager d’être performant dans les 2. En tout cas se préparer pour. Ça va être l’enjeu des 2 années à venir pour le petit groupe qui prépare les JO.
De ton oeil de coach, comment expliques-tu la domination (si il y en a une) de Janja Garnbret?
C’est une grimpeuse hors norme. Physiquement, au niveau de l’expérience, mentalement. Pour l’instant elle est très dure à battre même si je crois que c’était envisageable à Munich en bloc, où elle a raté des blocs qui ont été grimpés par d’autres. C’est une chance incroyable pour les autres filles d’avoir une telle locomotive. Et je pense que celles qui y croient et qui vont se donner les moyens de se rapprocher d’elle auront leur chance dans les années à venir.
Penses-tu que les athlètes françaises puissent venir la déloger?
C’est à moi que tu demandes ça? 😉
Tu es coach de l’EDF mais également coach personnel de certains athlètes comme Manu Cornu ou Oriane Bertone. Comment fais-tu la part des choses lors de grands rendez-vous comme celui-ci pour ne pas confondre les 2 rôles?
Il n’y a rien à confondre, ni de part des choses à faire, car c’est le même rôle. Nous construisons au quotidien pour être performant ce jour là. Et c’est une chance incroyable de suivre ce processus. La seule chose qui change c’est que c’est beaucoup plus facile pour moi avec eux. Car je les connais très bien, qu’on a le temps de tisser au jour après jour notre relation. Ça me permet d’être bien plus pertinent avec eux sur le coaching de compétition. Avec des grimpeurs que je vois ponctuellement, j’ai un coaching très basique où mon rôle est limité. Je dois juste être un expert de la compétition, de ses règles, comprendre rapidement les dynamiques, les endroits où il peut y avoir des soucis de jugement, suivre les grimpeurs « dangereux » qui peuvent inquiéter un Français au classement.
Je pense (j’essaye en tout cas) arriver à faire le maximum pour chaque grimpeur dans la limite de ma connaissance de leur fonctionnement.
Mais pour te donner une comparaison je pense que je connais mieux Manu que mon fils donc…on est forcément plus performant qu’avec quelqu’un que je vois 5 fois par an.
Un dernier mot à ajouter?
Tout d’abord un immense bravo à la team France et aux collègues qui bossent au quotidien pour tous ces beaux résultats. Merci à l’organisation de Munich 2022 pour avoir placé l’escalade dans de telles conditions. Merci à la FFME pour leur engagement et leur confiance en notre travail. Et maintenant focus sur la suite. 😉