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Finales de Meiringen: un début de saison très prometteur !

Pari réussi pour Adam Ondra, qui remporte cette première compétition internationale © IFSC

Hier soir, Janja Garnbret et Adam Ondra se sont imposés sur la première étape de Coupe du Monde de l’année, à Meiringen. Retour sur des finales qui nous promettent une saison palpitante.


Un retour fracassant pour Adam Ondra !

Un sondage posté sur internet en début de semaine donnait Adam Ondra vainqueur de cette Coupe du Monde, avec près d’un quart des votes, devant Tomoa Narasaki. Les internautes ne s’étaient pas trompés. Alors qu’il n’avait plus participé à une Coupe du Monde de bloc depuis quatre ans (avec tout de même un passage à Innsbruck lors des Championnats du Monde l’an dernier), Adam Ondra est revenu en maître.

Pourtant, la compétition n’était pas gagnée d’avance… Face à lui, une armée de grimpeurs asiatiques, qui étaient prêts à tout pour lui piquer la couronne. Durant les premières minutes des finales, nous avions même l’impression d’assister à une épreuve nationale au Japon. Car hormis le coréen Jongwon Chon et le tchèque Adam Ondra, tous les autres finalistes étaient des grimpeurs japonais.

Et le premier bloc leur donnait plutôt l’avantage. Un départ en run&jump que le japonais Tomoaki Takata randonne à vue, tandis qu’Adam Ondra mettra 5 essais avant d’arriver au sommet.

L’envolée japonaise © IFSC

Puis, grâce au bon travail accompli par les ouvreurs, l’écrémage se fait au fil des blocs. S’ils étaient cinq à toper le premier bloc, ils ne seront plus que quatre à enchaîner le deuxième, puis deux à valider le troisième, avant de finir en beauté dans le dernier bloc, qui ne sera enchaîné que par un grimpeur.

Et c’est dans ce dernier bloc que la victoire s’est jouée. Un dernier bloc tout à fait atypique, qui a déconcerté tous les compétiteurs. Tous, sauf un.


Quand j’ai vu ce bloc pendant l’observation, je savais que je ne tomberais pas. »

Adam Ondra


Il y avait de quoi. Plutôt qu’un double jeté aérien, un pif/paf spectaculaire ou encore un mouvement de coordination comme il est devenu coutume, les ouvreurs avaient décidé de proposer un bloc en fissure à nos finalistes. Et là, les japonais ont déchanté… Aucun ne parviendra à coincer ses mains entre les deux volumes. Personne ne validera la zone. Un à un, les japonais se font éjecter du bloc, décontenancés.

Arrive alors Adam Ondra, confiant. Les fissures, il a l’habitude d’en rencontrer en milieu naturel. Il coince sa main gauche avec une facilité déconcertante, là où tous les autres grimpeurs n’arrivaient pas à tenir et se permet même de se retourner pour chauffer la foule.

La démonstration d’Adam Ondra dans le dernier bloc des finales

Ayant été le seul à valider tous les blocs de la finale, Adam Ondra monte donc sur la première marche du podium. Derrière lui, on retrouve trois japonais: Tomoa Narasaki médaillé d’argent, Rei Sugimoto qui complète le podium et Kokoro Fujii 4ème, devant le coréen Jongwon Chon en 5ème place et de nouveau un japonais, Tomoaki Takata, 6ème, qui clôture le classement.

Voici les impressions d’Adam Ondra, recueillies à chaud quelques secondes après sa victoire:

Je dirais que j’ai particulièrement apprécié cette compétition, surtout ici, à Meiringen, où je n’avais encore jamais été. Le public était sensationnel et les blocs géniaux.

Bien sûr quand j’ai vu cette fissure dans le dernier bloc au moment de la lecture, j’étais excité à l’idée de grimper dedans, mais je suis vraiment désolé pour les autres grimpeurs parce qu’ils sont passés pour des débutants. L’escalade en fissure n’est pas très compliquée, il n’y a qu’à essayer, mais la plupart de ces grimpeurs n’ont jamais, jamais fait de coincement de mains.

Quand j’ai vu ce bloc pendant l’observation, je savais que je ne tomberais pas, c’était sûr. En même temps, le coincement de main était obligatoire, shunter ce mouvement aurait juste été très très dur, je me suis donc dit que ce bloc pouvait marquer un tournant dans la compétition, et c’est ce qu’il s’est passé. »

Ce qu’il faut retenir de cette finale masculine donc ? Que les japonais semblent plus présents que jamais cette saison puisqu’ils représentaient près de 70% des finalistes ce soir, et que la préparation d’Adam Ondra pour les Jeux Olympiques de Tokyo semble porter ses fruits.

Le premier podium masculin de cette saison

Janja Garnbret poursuit son règne !

Chez les femmes, le bloc 4 a aussi été décisif pour la victoire. La jeune Janja Garnbret était en tête du classement, immédiatement suivie par la britannique Shauna Coxsey.

Pourtant, la slovène s’est fait peur sur le début de la compétition: alors qu’Akiyo Noguchi et Shauna Coxsey parvenaient à enchaîner le premier bloc des finales, Janja Garnbret tombait trois fois, la dernière prise dans les mains, le doigt complètement en sang. Elle repartait donc en isolement sans avoir topé le bloc.


J’étais frustrée, mais je me suis dit « allez, profite de cette finale ! »

Janja Garnbret


Mais très vite, la roue tourne et les deux seules compétitrices à avoir enchaîné le bloc 1 seront également les deux seules à ne pas faire le bloc 2. Toutes les cartes étaient redistribuées. Fanny Gibert, seule représentante française sur ces finales, parvenait elle aussi à enchaîner ce deuxième bloc, lors de son 4ème essai, à seulement deux petites secondes de la fin réglementaire.

Dans le bloc 3, Akiyo Noguchi et Shauna Coxsey reviennent à la charge. La japonaise l’enchaîne en quatre essais, alors que la britannique le sort à vue. Pas le choix pour Janja Garnbret que de sortir ce bloc pour ne pas prendre de retard sur ses concurrentes. La slovène pose un run propre, qui l’emmène au sommet lors de son tout premier essai.

Janja Garnbret, époustouflante comme toujours © IFSC

C’est donc dans le dernier bloc des finales que tout allait se jouer. Un dernier bloc qui ne permet pas à Shauna Coxsey de s’exprimer. Comme les quatre autres finalistes, elle ne parviendra pas à valider la zone. Janja Garnbret arrive alors et libère ce bloc qui semblait jusque-là infaisable, en seulement trois essais.

Dans la salle d’isolement, Akiyo Noguchi entend alors que la slovène a réussi. Et même si la japonaise fera de même, en trois essais également, Janja a accumulé suffisamment d’avance au jeu des essais pour s’emparer de la médaille d’or sur cette première Coupe du Monde.

Après le premier bloc j’étais très frustrée car je n’avais pas réussi à l’enchaîner et je me suis ouvert le doigt, ça saignait beaucoup, mais je me suis dit qu’il fallait tout de même que je prenne du plaisir pendant cette finale et que je fasse de mon mieux, et au final tout a bien fonctionné.

Pendant la lecture j’avais vu que tous les blocs avaient l’air abordables et que pour être sur le podium il fallait tous les enchaîner en peu d’essais. Alors oui, à l’issue du premier bloc j’étais frustrée, mais je me suis dit « allez, profite de cette finale ! »… Et ça a fonctionné ! »

Ainsi, Janja Garnbret termine première, devant Akiyo Noguchi 2ème et Shauna Coxsey 3ème.

Fanny Gibert n’aura pas réussi à s’exprimer sur les deux derniers blocs des finales. Elle s’empare de la 4ème place. Mais la française nous prouve qu’elle est toujours dans la course au titre cette année encore…

La saison ne fait que commencer ! La prochaine étape aura d’ailleurs lieu à Moscou, le week-end prochain.

Les médaillées de cette première Coupe du Monde de bloc 2019