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Oriane Bertone se livre après son premier titre de championne de France jeunes

© Planetgrimpe

Quelques heures après les championnats de France jeunes, nous sommes allés à la rencontre de la toute nouvelle médaillée d’or en minime, la jeune Réunionnaise Oriane Bertone. Après de nombreuses performances sur le caillou, elle remportait dimanche son premier titre de championne de France de bloc. Interview.


Quelques heures après ton premier titre de championne de France, comment analyses-tu ta compétition?

En général je n’analyse pas beaucoup les compétitions. J’aime bien rester dans l’action et ça ne m’apporte pas énormément de réfléchir à ce que j’ai fait ou à ce que j’aurais dû ou pu faire. Ce que je sais c’est que j’ai réussi à imaginer ma compétition dès le début en choisissant de commencer par le bloc 5, une dalle qui m’inspirait et qui me permettait de me caler sur les sensations. Ensuite j’ai attaqué les blocs durs et j’ai fini par les plus faciles, où il y avait beaucoup d’attente au début. Ca m’a réussi, mais j’ai senti les choses comme ça cette fois-ci à l’issue de la lecture. Je ne me donne pas de règles de fonctionnement générales. Je laisse une grande part à l’intuition le jour de la compétition, en face des blocs.

Qu’as-tu pensé de ce championnat de France globalement ?

J’ai trouvé l’ambiance juste formidable. Merci aussi à Christopher qui sait toujours tirer le meilleur des situations pour mettre l’ambiance. Les ouvertures étaient vraiment démentes ! Ca m’a visiblement convenu, vu que j’ai réussi tout au premier essai, mais je suis incapable de dire si c’était dur ou facile, si c’était calé sur des compétitions internationales ou pas. Les finales étaient peut-être un peu plus faciles que les blocs durs des qualifs, mais ce que je retiens c’est le plaisir que j’ai eu à lire et à faire ces 11 blocs du WE. Les blocs étaient beaux, du coup on pouvait vraiment s’exprimer.

Tu étais l’une des favorites sur ces championnats de France, comment as-tu géré la pression ?

Je n’ai pas beaucoup de pression en compétition. Je laisse mes bras, mes jambes, mon corps parler et je ne gamberge pas avant d’aller dans les blocs. J’ai eu quand même une nuit plus difficile la veille de la compétition, mais j’ai l’impression que plus le moment de grimper s’approche, moins j’appréhende la compét. Au contraire, je trouve que je ressens de la joie et de l’énergie plus que de la pression. Du coup je n’ai rien à gérer en particulier.

On te connaît pour tes belles performances à l’extérieur, mais suis-tu un entraînement cadré et spécifique en salle?

Oui, bien évidemment ! Ce n’est pas du tout le même jeu. Les blocs en salle sont souvent des blocs faciles, qui doivent sortir dans la séance, en quelques essais. Ils posent des problèmes spécifiques qu’il est difficile de trouver en naturel. Dehors c’est les gros projets, les blocs durs qui font mal à la peau et qui demandent des heures, voire des jours de travail. On peut être très fort dehors et ne pas réussir à faire vite des blocs relativement faciles en salle, parce qu’on n’a pas en stock la bonne méthode. Du coup, en semaine je m’entraine avec Gabo (Philippe Gaboriaud) au pôle et avec Vince (Vincent Etchar) au club 7 à l’Ouest pour ce genre d’exercice spécifique. Impossible de réussir sinon. En revenant de Rocklands chaque été austral, j’ai même l’impression de perdre du niveau en salle et de devoir reconstruire des gammes pendant deux ou trois semaines.

On te voit souvent accompagnée de ton papa, il a aussi la casquette de l’entraîneur ? Si oui, comment se passent vos relations Entraîneur-entraîné et père-fille ?

Mon papa me suit surtout en extérieur. Il nous fait voyager et tient à ce qu’on apprenne à travailler sur des projets. Il pense que c’est important d’avoir des projets et de savoir ce que ça coûte de les réaliser. Et c’est vrai que ça coûte beaucoup de travail et d’effort ! Il nous amène aussi en salle bien sûr, mais c’est en complément de ce qu’on fait, Max Margot et moi, avec Gabo et Vince. Les relations sont top. Il s’occupe à fond de nous. Mais ça ne veut pas dire qu’on ne se dispute jamais ! C’est souvent qu’on n’est pas d’accord et qu’on se dispute un peu sur tout. Mais le jour d’après on recommence tout à zéro et on vit des aventures de ouf.

Quels sont tes prochains projets dans les mois qui arrivent ?

Après Rocklands la saison dehors va rester un peu en arrière plan jusqu’à cet été. J’aimerais bien aller faire quelques croix à Bleau quand même. On a deux ou trois projets que nous ont suggérés Nico (Nicolas Januel), Caro (Caroline Sinno) et bien sûr Gabo. C’est top d’avoir des projets durs à Bleau, parce qu’il y a peu de blocs qui vont bien pour les petits là bas. Du côté des compétitions il y a encore le Championnat de France de diff, puis les coupes d’Europe et le Championnat du monde à Arco. C’est un peu plus pour ces étapes là que je vais travailler maintenant. Mais j’attends avec impatience Rocklands en décembre et janvier pour aller retrouver ce paradis de la grimpe !

Tu es déjà spécialisée dans le bloc, mais délaisses-tu pour autant la diff ?

À La Réunion on a plus de sites de blocs que de falaises. Du coup c’est plus compliqué de faire de la diff en naturel. Pareil pour les murs. On a quelques murs qui ne dépassent pas les 10 mètres. Du coup c’est plus compliqué de travailler vraiment dans ce domaine. On le fait surtout avec Gabo, en SAE et mon papa, en extérieur. Je progresse aussi en diff, mais moins vite. J’ai encore des petits problèmes d’engagement en haut des voies par exemple. Ca me limite un peu mais on y travaille.

Si tu as un dernier mot à ajouter, c’est le moment !

J’adore l’escalade sous toutes ses formes ! Je ne pense pas que j’en ferai mon métier, mais je suis certaine que ça restera ma passion toute ma vie. Un immense merci à tous ceux qui m’ont amenée à pratiquer et à me réaliser dans cette activité. François, mon premier entraineur, Vince, Gabo, mon papa et les copains de La Réunion et de Métropole avec qui je partage cette fantastique aventure !