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Camille Pouget profite d’une pause des compétitions pour enchaîner ses premières belles perfs en falaise

Alors que la saison des compétitions est en pause forcée, la jeune toulousaine Camille Pouget, 17 ans, en profite pour découvrir d’avantage la falaise, et notamment le travail de voies.

Direction Saint-Antonin-Noble-Val où elle enchaîne « Persifleur » 8b & « Attention on vous regarde » 8b+. Deux premières dans ces cotations pour Camille, qui, sans doute, sera amenée à faire monter le curseur dans le futur…

Elle revient pour nous sur ces réalisations, en nous expliquant le choix de ces voies, et le chemin parcouru depuis le confinement pour en arriver là…

Pendant le confinement j’ai fait beaucoup de prépa physique en suivant la plannif de mes coachs. On a remonté un pan de 6m2 dans le garage mais c’était seulement pour faire des boucles de rési. La verticalité et les sensations de hauteur m’ont donc beaucoup manqué pendant ces deux mois. Et je m’entraînais seulement dans la perspective de pouvoir revenir en forme quand la grimpe serait de nouveau possible ! Au 11 mai je n’attendais que ça et les salles étaient pourtant fermées. Ma seule option a donc été de me tourner vers la grimpe en falaise, un domaine que j’avais peu exploité sur les dernières années puisque je m’entraînais surtout en salle et que j’avais beaucoup de contraintes liées aux compétitions. On peut dire finalement que le confinement m’a poussé à la falaise haha.

Ces deux voies (« Attention on vous regarde » et « Persifleur ») se trouvent à Saint Antonin Noble Val, une falaise à 1h20 de chez moi et une des rares dans le rayon des 100km autour de la maison. C’est la falaise que je connaissais le mieux donc c’est pour ça que je m’y suis dirigée en premier.

Je me suis attaquée à Attention on vous regarde (8b+) car on me l’a conseillé et parce que j’avais un ami qui la travaillait déjà. On m’a dit que c’était une bonne voie pour travailler l’intensité que l’on retrouve particulièrement dans des voies intenses de compétition. En fait c’est une voie avec beaucoup de mouvs physiques, entrecoupée de repos précaires et qui finit sur une section rési. Avec beaucoup de jolis placements, des épaules et des inversés. J’ai de suite aimé le style de la voie dès la première montée de calage. J’avais l’habitude de grimper presque uniquement sur du « à vue » en falaise donc cette voie me paraissait vraiment très dure, je me suis dit que j’y passerais au moins un mois entier.

Ensuite est venue la phase de travail (tout nouveau pour moi) où il a fallu bien caler tous les mouvs, trouver ses propres méthodes. Puis les premiers runs. Même si je tombais chaque fois un peu plus haut, j’ai bien senti qu’il fallait que je sois plus efficace dans l’enchaînement et surtout sur les placements de pieds que j’avais du mal à trouver du premier coup. J’ai travaillé la voie 4 jours. Le premier j’ai seulement fait un run de travail point à point pour trouver mes méthodes. Les autres, je demarrais par un run de travail où j’enchaînais quelques sections au lieu de faire du point à point. Le troisième jour, je m’arrêtais seulement deux fois dans la voies.

Je suis donc revenue une semaine après ce troisième jour de travail pour tenter l’enchaînement. Mon ami venait de passer la voie deux jours avant ! Ça m’a d’autant plus motivée et je savais que c’était possible de faire ma croix moi aussi. Ce jour là lors de mon deuxième run, je tombe deux prises sous le relais. C’était très dur dans ma tête parce que j’étais fatiguée et je sentais que je ne récupérerais jamais assez d’énergie pour remettre un autre gros run. J’ai donc attendu 1h30 mais je me sentais toujours entamée.

À ce moment là, un de mes coachs qui était sur place m’a dit de laisser de côté mes mauvaises sensations, il m’a dit : « dès le début tu sais que tu vas te sentir mal. Juste, oublies ces mauvaises informations qui sont inutiles et concentres toi sur les prochains mouvs, pas sur ce que tu viens de ressentir » . Alors je me suis bien mise dans ma bulle comme je l’aurais fait pour une compétition d’ailleurs, j’ai relu intérieurement la voie mouv par mouv et quand je suis partie dedans j’étais dans une toute autre mentalité. Dans la voie au début je me sentais encore daubée de mon run d’avant mais petit à petit je ne sentais plus les bouteilles, juste la voie que j’essayais de grimper le plus efficacement possible. Une fois arrivée dans la dernière section, j’étais absorbée par les mouvs. Quand j’ai clippé la chaîne j’ai ressenti une joie très intense, je m’étais battue et je venais de passer mon premier 8b+ ! Je me rappelle aussi qu’à ce moment là j’ai eu l’impression que j’avais passé seulement quelques secondes dans la voie. J’étais tellement focalisée sur les mouvs les uns après les autres, que je n’ai pas vraiment eu de ressenti pendant la voie.

La semaine d’après je suis allée dans un autre secteur pour me trouver un autre projet. C’est ce jour là que j’ai réalisé mon premier 8b : Persifleur. Une voie plus typée conti avec un gros pas de bloc au milieu. Je l’ai enchaînée au premier essai, après un run de travail point à point. J’étais super contente, arrivée en haut, de réussir un 8b ! Même si la joie ressentie était moins importante qu’à la fin du 8b+. Sûrement d’ailleurs parce que l’investissement avait lui aussi été moins important.

Je suis très heureuse d’avoir découvert la joie que procure la réalisation d’un projet. Réussir après s’être investi est d’autant plus satisfaisant, c’est ce que je recherche en compétition et je viens de trouver un second moyen de retrouver cette euphorie. Je suis trop contente de cette découverte !

Maintenant je suis super motivée à l’idée de me fixer d’autres projets plus longs et plus durs, parce que j’imagine bien que la joie ressentie en fin de voie, expliquée par les grands champions de la falaise est encore plus grandes lorsque le travail a été long et laborieux.

Un grand merci à mes parents qui m’ ont accompagné là bas le plus souvent possible et qui étaient les premiers à me lancer dans le travail de projets. Merci à mon frère, ma sœur, les copains, mon coach et tous ceux qui étaient sur place pour m’encourager et m’aider à enchaîner cette jolie voie. Et merci à mes sponsors qui m’encouragent à aller taper encore plus haut !