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Katherine Choong enchaîne son deuxième 9a !

© Julia Cassou

La falaisiste Katherine Chong vient de clipper le relais de « Jungfrau Marathon » 9a, une voie très résistante située à Gimmelwald, en Suisse. Il s’agit de la deuxième voie de ce niveau pour la jeune suissesse qui se sera battue durant de nombreux mois pour en venir à bout. C’est également la première ascension féminine de cette ligne, ouverte par Simon Wandeler.

Nous sommes allés à la rencontre de Katherine, qui s’est livrée sur le processus du travail de cette voie. Voici donc son récit !

« Jungfrau Marathon » est une voie cotée 9a située à Gimmelwald dans le cadre somptueux des alpes bernoises en Suisse. Après avoir fait mon premier 9a en Valais en 2018, je voulais absolument réitérer la performance. Il s’agit avant tout d’un challenge personnel, de dépasser mes limites à nouveau mais cette fois de sortir un peu plus de ma zone de confort et de se lancer dans une voie qui n’est pas dans mon style de prédilection et qui n’avait pas encore été faite par une femme.

Gimmelwald est un endroit magique. Entouré de montagnes enneigés, un gros devers surplombe une vallée paisible où, à part quelques beuglements de vaches ou le cri de quelques grimpeurs qui tombent le nez sous le relais, c’est un endroit extrêmement paisible. Une cascade se déverse à quelques mètres en dessus de nos têtes, c’est presque too much tellement c’est beau 😉 C’est donc tout naturellement que j’ai choisi cet endroit pour investir du temps et de l’énergie dans un nouveau projet.

« Jungfrau Marathon » est relativement courte (une vingtaine de mètres), bien déversante (35/45 degrés), mêlée de mouvements dures sur mauvaises prises parfois éloignées.

Après un passage avec de mauvaises inverses qui te crâment comme il faut, le crux consiste à tenir une mauvaise prise en épaule pour aller chercher loin une pince en inverse. Depuis l’année passée, je tombe dans ce mouv’ de la voie qui consiste pour les naines comme moi à un mouvement très dynamique et aléatoire que je n’arrivais pas à réussir dans l’enchaînement.

Je m’y suis mise l’année passée en octobre. J’ai rapidement trouvé mes méthodes et je tombais déjà dans le mouvement dynamique du crux. Très proche de l’enchaîner, la neige m’a contrainte à stopper mes essais fin novembre 2018. La mauvaise météo du printemps ne m’a laissée y retourner que début juin 2019. Les plus forts diront que ce sont des excuses mais les grandes chaleur de l’été n’étaient vraiment pas favorables à l’enchaînement dans cette falaise où les condis peuvent vraiment faire la différence.

En parallèle, j’ai débuté les coupes du monde début juillet qui ne se sont pas bien déroulées. Je suis arrivée à la fin de l’été et finalement je n’avais pas du tout progressé dans mon projet en falaise, au contraire.

Je m’entêtais dans ma méthode dans le crux de « Jungfrau Marathon » et je commençais vraiment à avoir des doutes sur mes capacités à sortir la voie un jour. Aucune grande croix dans l’année, des résultats pas terribles en compet, ça devenait très difficile mentalement de garder la motiv’ et la confiance en moi et ça se ressentait clairement dans mes essais dans la voie. La semaine passée, je n’étais même pas capable d’atteindre le crux, alors un ami me suggère finalement d’essayer la méthode des mecs qui implique de monter le pied plus loin latéralement. 100% sûre d’avoir essayer cette méthode l’année d’avant et qu’elle ne me convenait pas, je tente quand même le coup et la miracle, je peux faire le mouvement quasiment statiquement, un soulagement pour moi qui ne suis toujours pas fan des mouv’ dynamiques ! Là ce fut le déclic et le mental a repris le dessus. La session suivante la voie était pliée au 1er essai de la journée ! Je me sens vraiment un peu bête de m’être obstinée sur ma méthode, persuadée que celle des mecs était trop morpho pour moi…

C’était une journée mémorable, entourée de plein d’amis qui m’ont encouragé et partager ce moment avec eux a rendu cet instant encore plus spécial.

Quand j’ai clippé le relais, c’était tout d’abord une explosion de joie. La joie d’avoir a nouveau dépassé mes limites physiquement mais surtout mentalement. Tous les efforts, le temps investi, la sueur, la frustration prenaient enfin du sens.

Nous avons questionné Katherine sur ses futurs projets. Qu’a-t-elle en tête pour ces prochains mois ?

Dans l’immédiat et dans un autre registre, je pars une semaine au Liban avec Mathilde Becerra. L’objectif pour une fois n’est pas uniquement centré sur moi et sur la perf. Je rejoins l’association ClimbAid dans le but de partager un peu de mon expérience, coacher les enfants et les jeunes adultes qui vivent dans les camps de réfugiés.

J’aimerais bien ensuite enchaîner la grande voie « Tarrago » 8b+ à Monsterrat dont j’ai déjà pu libérer chaque longueur lors d’un petit trip en août passé avec Mathilde Becerra. Ensuite certainement me lancer à nouveau dans un nouveau projet de voie dure mais rien encore de décidé.

D’ici là, une vidéo de l’ascension de Katherine dans « Jungfrau Marathon » devrait bientôt voir le jour… Alors restez connectés !

Publié le : 18 octobre 2019 par Nicolas Mattuzzi

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