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Rencontre avec Micka Mawem: Sa saison, sa vision des critères de sélection et de l’équipe de France

© Julia Cassou

Nous sommes allés à la rencontre d’un membre de l’équipe de France de bloc, Micka Mawem, afin d’avoir l’avis d’un athlète sur l’équipe de France, les critères de sélection, les moyens mis en place par la FFME, etc… Voici le résumé de ses réponses aux thèmes que nous avons abordé avec lui.

Retour sur ta saison?

Pour ma part, j’ai eu beaucoup de changement, j’ai attaqué au pôle à Voiron en octobre 2017, et j’ai confié mon entraînement à Sylvain Chapelle. Ce n’était pas simple avec le combiné, pour rester fort en bloc tout en bossant les autres activités. C’était une année test, on a pris des risques pour voir ce qui marchait et ce qui ne marchait pas.

Je n’ai pas fait de supers résultats en bloc, mais j’ai réussi à bien me remettre à niveau en difficulté et en vitesse. Par rapport aux autres purs bloqueurs, moi mon entraînement c’était 33% de diff, 33% de vitesse et 33% de bloc, donc pas simple de rivaliser !

En fin de saison, je me suis bien remis sur le boc, ma discipline principale et ça allait de mieux en mieux, j’étais proche des finales au Japon et aux US (coupe du monde), donc une fin de saison un peu mieux, et même si ce n’est pas encore ce que j’attends il y avait du positif. 

Ambiance en équipe de France?

Pour parler un peu de l’équipe de France, il n’y a pas de soucis, on s’entend tous super bien, on est au top quand on part en compétition. Après, on est tous différents, certains font des études, d’autres travaillent, d’autres sont dans des pôles comme moi. C’est vrai qu’en bloc au sein du pôle à Voiron on n’est pas énormément, donc l’émulation n’est pas forcément là tous les jours, mais on reste dans un sport très perso et il faut aussi savoir se débrouiller tout seul.

Différence entre les Japonais et le reste du monde ?

Tu sais, moi je ne m’occupe pas vraiment de ça en tant qu’athlète. Les gens font beaucoup de comparaison, mais ça ne sert à rien de se comparer à d’autres, on a tous nos manières de fonctionner, notre culture propre. Ce n’est pas parce qu’on fait comme les japonais que ça va marcher, ou parce que les japonais font comme Bassa Mawem qu’ils vont devenir forts en vitesse. Après c’est sur qu’ils se déplacent très nombreux sur les compétitions, j’imagine qu’ils ont du budget pour le faire,  mais ça reste des choix en interne au niveau de la fédé japonaise, je ne peux pas trop m’avancer sur la manière dont ils procèdent…

Mais c’est sur que c’est toujours un avantage de venir en nombre, surtout qu’ils ont une forte densité de forts grimpeurs.

Les sélections en EDF remis en cause régulièrement, même pour les leaders ?

Chaque année on a des sélectifs en bloc ou des sélection sur les résultats sur les compétitions. Moi je suis assez favorable à ça, car si on regarde il y a quelques année,  l’EDF était très fermée, il y avait un noyau dur qui ne bougeait pas et c’était très compliqué de venir chercher sa place en équipe de France, et maintenant on est sur 2 ou 3 places ouvertes, ça laisse l’opportunité à certains de venir prendre leur place. Sur les compétitions internationales on reste sur des critères serrés mais ça laisse la porte ouverte pour toute la saison, et ça oblige à la personne qui se qualifie en EDF de partir dans une optique d’aller faire des résultats. Voyager juste pour faire des compétitions c’est sympa, mais l’objectif doit être d’aller chercher des podiums et des premières places. Et ces critères de sélection nous obligent à être sérieux pour aller chercher ça.

C’est sur qu’après avoir intégré l’EDF on aimerait y rester pendant 10 ans et ne jamais en sortir, mais si on se met un peu à la place de la fédé et des entraîneurs, c’est dans la logique des choses de laisser ouvert, même si les critères sont difficiles.

Confort des athlètes avec ces sélections en EDF remises en cause régulièrement ?

Oui, on a des critères de sélection chaque année et même durant la saison pour pouvoir avancer… la pression ressentie ? C’est vrai qu’au début l’envie de faire toute la saison était énorme, c’était quelque chose qui n’était pas facile à gérer quand j’ai commencé, mais il faut se détacher de ça, l’objectif n’est plus de participer à toutes les étapes de coupe du monde, c’est plutôt d’aller faire des podiums.

Vis-à-vis du confort des athlètes, en dehors de l’aspect des sélections, on a des outils énormes avec les pôles France, le confort est bien meilleur qu’avant.

Moi je suis au pôle depuis quelques années, depuis le jour où j’ai décidé de m’entrainer avec les entraineurs nationaux, et faire la majeure partie de mon entraînement avec des bons outils. Donc oui, on dit toujours qu’il faut donner du confort aux athlètes, mais actuellement les athlètes ne se servent pas de tout ce qui est mis en place (sur les pôles), donc pourquoi proposer plus si on ne se sert déjà pas de ce qui est mis en place actuellement ?

Les jeunes ?

Je n’ai pas trop de vision sur les jeunes, mais moi en étant plus jeune, le niveau était déjà très élevé, et ça continue de progresser avec un gros niveau. La question qui peut se poser, c’est de savoir si on doit emmener des jeunes en coupes du monde pour qu’ils fassent leurs armes, où est-ce qu’ils doivent prendre leur ticket comme tout le monde? Je ne sais pas, ça se joue plus au niveau interne, avec des choix tactiques des entraîneurs.

Moi je suis plutôt d’avis que chacun prenne sa sélection comme tout le monde. On le voit dans toutes les nations, ça arrive souvent que les jeunes soient dans les meilleurs du monde de toute façon donc ça ne pose pas de réels problèmes. On ne peut pas limiter les places aux seniors au profit des jeunes selon moi, il y a des seniors de 20-25 ans qui trouvent leur rythme pour être assez forts, et si on leur limite les places pour favoriser les jeunes, c’est dommage aussi. Moi je suis entré en équipe j’avais 24 ans, et je suis bien content que les places étaient ouvertes à tous à ce moment là pour y rentrer.

Les moyens supplémentaires ?

Moi, à titre personnel, au niveau des pôles, ce serait génial d’avoir un service médical tous les jours avec nous mais c’est coût énorme pour la fédé, ils mettent en place ce qu’ils peuvent pour le moment, mais ça évolue d’année en année, on a de plus en plus de choses : cette année à Voiron ils ont investi pour une salle de bloc énorme pour avoir les 3 disciplines dans un même lieu, etc… Les choses évoluent, mais on ne peut pas tout avoir tout de suite !

Ce qu’il manque aussi, c’est d’avoir tous les athlètes dans les pôles, ça permettrait de rassembler tout le monde au même endroit, et ce serait plus facile pour la fédé de mettre des choses en place. Ce sont des étapes qui vont se mettre en place petit à petit, on le voit chez les jeunes qui sont pas mal dans les pôles, avec donc de l’émulation et des moyens mis en place. C’est ce qui nous manque un peu en seniors, on n’est pas rassemblé et on ne se voit pas assez souvent finalement.

 

Publié le : 01 décembre 2018 par Charles Loury

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