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Accès aux Coupes de France: la FFME répond à nos interrogations

Suite à nos interrogations lors d’un précédent article concernant l’accès restreint aux coupes de France pour la saison qui arrive, nous avons envoyé quelques questions au département compétition de la FFME afin d’en savoir plus. Nous vous livrons ci-dessous leurs réponses  accompagnées d’une introduction explicative. 

En 10 ans, le nombre de licenciés de la FFME est passé de 61 000 à 101 000, une évolution qui s’est évidemment accompagnée d’un accroissement significatif du nombre de compétiteurs. C’est une bonne nouvelle, nous nous en réjouissons.

10 ans, c’est aussi l’anniversaire que fête cette année le circuit des Coupes de France. Un circuit qui a connu un attrait significatif de la part de nos licenciés. Mais qui est aujourd’hui victime de son succès et ne répond plus à vos attentes, vous compétiteurs.

Le pôle compétition de la FFME a reçu comme feuille de route de faire évoluer l’offre de compétition sur le territoire. Avec un objectif : offrir aux compétiteurs des compétitions de leur niveau, proche des chez eux, et qui se déroulent dans des conditions satisfaisantes. N’y voyez pas une logique « élitiste », loin de là : la FFME souhaite permettre aux compétiteurs de tous les niveaux de pouvoir grimper dans des compétitions adaptées à leurs capacités et à leurs besoins. C’est l’unique objectif du chantier en cours et cela entre dans la logique de la structuration sportive de notre activité.

Disons les choses clairement : dans l’état actuel, le circuit des Coupes de France ne répondait plus aux besoins des grimpeurs. C’est indéniable en termes de qualité d’accueil, à cause de la sur-fréquentation de certaines étapes, et cela devenait inquiétant en termes de sécurité et d’équité sportive, notamment en bloc. Ce n’est d’ailleurs pas qu’un constat du pôle compétition de la fédération : plusieurs organisateurs d’étapes, des officiels et des entraîneurs, nous ont fait part de leurs craintes par le passé. Il était urgent de réguler l’accès à ce niveau de compétition.

Mais la fédération ne s’est pas contentée de modifier cette règlementation unilatéralement. Qu’elle fut notre démarche ? Nous avons choisi la voie de la concertation avec les différents acteurs du milieu. Le plan d’action a été présenté à de nombreuses reprises, en amont, aux organes déconcentrés de la fédération (ligues et comités territoriaux). Plusieurs assemblées générales de la fédération ont abordé cette question. Et depuis début 2017, nous avons organisé différents rendez-vous avec les acteurs concernés afin de préparer ces changements.

Au printemps, le pôle compétition est allé à la rencontre des ligues et des organisateurs de compétitions et il leur a présenté son plan d’action. Car pour que la nouvelle règlementation des compétitions nationales ait du sens, il fallait qu’elle s’accompagne d’un vaste effort de l’ensemble de la fédération pour continuer de développer les circuits régionaux de compétition et les opens nationaux un peu partout en France. Les ligues FFME et les organisateurs de compétition ont vu nos propositions d’un bon œil. Ils y ont adhéré et chacun, à leur échelle et avec leur moyen, s’est déjà lancé dans cette démarche pour que tous les compétiteurs puissent grimper en compétition.

En parallèle, le département sport et performance travaille auprès des entraîneurs de clubs, pour les accompagner dans leur mission et avancer tous ensemble dans la sportivisation de la discipline.

Nous sommes sur le lancement de cette nouvelle logique de structuration et d’accès aux compétitions. La règlementation de l’accès aux coupes de France n’est qu’un des axes de cette politique d’évolution. Son règlement continuera d’évoluer pour s’adapter et pour répondre à des besoins ou des nouveaux cas de figure. Nous avons bien conscience que ces changements questionnent un certain nombre de compétiteurs. C’est tout à fait légitime. Et nous sommes bien conscients aussi qu’il faille continuer de progresser dans notre offre de compétitions. Mais nous sommes persuadés que ces modifications étaient nécessaires et que nous sommes sur la bonne voie.

Petit résumé de la modification des règles d’accès et de participation aux coupes de France :

Rappel de la règle d’accès la saison dernière : les 20 premiers du classement national (classement figé en début de saison) avaient un dossard garanti, puis les inscriptions se déroulaient dans l’ordre chronologique d’arrivée.

Principe général de la nouvelle règle : les étapes de la Coupe de France sont accessibles aux meilleurs du classement permanent (classement qui évolue tout au long de la saison selon les résultats du compétiteur).

Prochaines étapes qui s’inscrivent dans ce processus : poursuite de la mise en place de deux niveaux de compétitions, avec les deux niveaux de classement correspondants, le niveau régional et le niveau national. Avec bien entendu des montées et des descentes entre ces deux niveaux.

Les petits clubs auront-ils les moyens de se déplacer sur de nombreuses compétitions pour permettre à leurs jeunes de rentrer dans les 110 premiers du classement permanents ?

A notre sens, cette distinction n’est pas significative. Ce qui est plus impactant en revanche, c’est l’envie au sein d’un club de s’investir dans la compétition. Les clubs ne sont « gros » ou « petits » que par leur nombre de licenciés et c’est plus une question de choix que de taille en réalité. Ceci étant dit, le projet global mise sur un accroissement des compétitions locales. Ce qui veut dire plus de déplacements à l’échelon régional et donc moins de dépenses pour les clubs. A nombre de compétiteurs constant, les uns iront sur le circuit national, les autres sur le circuit régional.

 Les clubs qui vont se retrouver avec un seul grimpeur dans les 110 premiers du classement vont-ils faire le déplacement ?

C’est un raisonnement qui n’est pas en accord avec une logique sportive. On est là sur deux cultures différentes : celle qui prévaut encore chez certains, à savoir, schématiquement, on fait une « sortie club » sur une compétition comme on fait une « sortie club » sans objectif sportif. C’est très important pour la diversité de la vie associative, nous souhaitons que cela perdure évidemment. Mais, à l’instar de toutes les autres disciplines sportives, ce qui doit prévaloir aujourd’hui pour les compétitions du circuit national est une vision complémentaire, avec un raisonnement basé sur des objectifs et des choix sportifs

Donc si un club a dans ses rangs un ou une des meilleur(es) grimpeur(ses) français(es), dans cette logique, il l’accompagnera sur sa saison sur les différentes compétitions de son niveau.

Y aura-t-il un autre circuit pour les grimpeurs qui ne rentrent pas dans les 110 premiers du classement ?

Oui, ce seront les circuits régionaux. Cela fonctionne déjà très bien dans certaines ligues. Et il n’est pas utopiste de miser à court terme sur la mise en place de circuits départementaux pour délester les circuits régionaux. Nous mettons tout en place pour accompagner celles qui n’ont pas encore pu mettre ce circuit en place.
La comparaison est intéressante avec l’échelle internationale. On retrouve en ce moment la même problématique avec l’engorgement des Coupes du monde et la nécessité de mise en place rapidement de circuits continentaux.

Par ailleurs, le règlement permet (s’il reste de la place) d’ouvrir la compétition aux meilleurs grimpeurs de la ligue dans laquelle se déroule l’étape. C’est un peu aussi une mesure incitative pour avoir une répartition géographique des étapes plus homogène.

Ce système, encore une fois très élitiste, n’exclue-t-il pas de fait des grimpeurs ou grimpeuses qui pourraient percer mais qui ne pourront pas le faire parce qu’ils n’ont pas la chance d’être dans un grand club ?

Ce n’est pas un système particulièrement « élitiste », c’est simplement un circuit de niveau national qui s’adresse en toute logique aux meilleurs grimpeurs français. Une fois les circuits régionaux en place, comme dans beaucoup d’autres sports, il permettra d’évoluer selon son niveau tout au long de sa carrière. La pratique de la compétition à son niveau est formatrice et certainement plus sympa et moins frustrante avec des objectifs accessibles. Faire trop de compétitions au-delà de son niveau est la plupart du temps contre-productif.
Maintenant, l’adhésion à un club est un choix qui appartient à chaque grimpeur selon ses envies, l’ambiance du club, ce qu’il souhaite apporter au club et l’accompagnement qu’il pourra y trouver.

Selon nous, l’éventualité qu’un grimpeur à fort potentiel ne « perce » pas car il ne peut pas participer à une Coupe de France est une idée reçue. Car il n’y a pas que les Coupes de France, il y a aussi le circuit des Championnats de France et toutes les autres compétitions nationales. Le fait qu’il « perce » dépend à la fois du terrain de jeu adapté qui lui est proposé mais aussi d’un entourage en mesure de l’accompagner. C’est tout le sens de la formation des entraîneurs et des actions réalisées dans le cadre de l’accès au haut niveau.

Comment avec ce nouveau système faire découvrir aux jeunes de clubs modestes des compétitions de niveau national ?

Une grande partie de notre réponse est déjà dans la question précédente, en complément, nous rajouterions juste que sur les étapes de Coupe de France, si le nombre maximum de participants n’est pas atteint, les meilleurs de la ligue dans laquelle se déroule l’épreuve pourront accéder à la compétition.

Comment tirer le niveau vers le haut avec ce système si les jeunes ne peuvent pas se confronter aux meilleurs ?

Le système proposé permettra de progresser en fonction de ses objectifs. Que ce soit au niveau régional ou national, il offre toujours la possibilité d’être confronté à plus fort que soi. C’est le même principe que le passage du niveau national au niveau continental puis au niveau mondial.

Quel regard avez-vous sur les régions moins développées en termes d’organisation de compétition ? Ne sont-elles pas défavorisées pour accumuler des points pour le classement permanent ? Pensez-vous à des subventions pour les régions éloignées des principaux « pôles » de compétition ?

Nous les accompagnons dans leur développement ! La représentation nationale de la FFME travaille à former des entraîneurs, des officiels de compétition (arbitres, ouvreurs)  et à implanter des SAE (via le PNSAE) dans toutes les ligues. Elles sont conviées aux discussions par le biais du réseau des représentants des ligues, elles sont en relation direct avec le pôle compétition. Créer une réelle dynamique dans les ligues permet un développement solide et stable, ce qui a un impact certain sur le long terme.

Plutôt que de subventionner les régions éloignées, nous travaillons à rapprocher les compétitions de ces régions. Avec pour objectif à court terme d’avoir au moins une étape de Coupe de France dans chaque ligue !

Publié le : 10 octobre 2018 par Charles Loury

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