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Meiringen 2018: des finales incroyables, qui promettent une saison palpitante !

© David Schweizer

On ne pouvait pas rêver mieux pour un début de saison internationale. Un public en feu, des prises de risque de la part des grimpeurs, des mouvements hallucinants tracés par les ouvreurs, du spectacle, du suspense, de la joie, de l’émotion… Une finale qui marquait hier le début d’une année qui s’annonce palpitante.

Retour en détails sur les victoires de Miho Nonaka et Jernej Kruder sur les finales de la Coupe du Monde de Meiringen.

« Je n’ai jamais cessé d’y croire ! »

Quelques secondes après sa victoire, Jernej Kruder est toujours sous le choc. Difficile de réaliser ce qu’il vient de se passer. Pourtant, cette finale restera gravée à tout jamais dans sa mémoire.

C’est incroyable ! Je n’ai jamais cessé d’y croire. Ce soir, c’est un rêve qui se réalise. J’ai pris énormément de plaisir durant ces finales et je pense que c’est cela le secret. Si vous aimez vraiment grimper et que vous y mettez du coeur, alors les résultats viendront.

Croyez-le sur parole, Jernej Kruder sait de quoi il parle. Âgé de 27 ans, il est l’un des plus expérimentés du circuit mondial. Ayant participé aux compétitions jeunes alors qu’il n’avait qu’une dizaine d’années, il prendra le départ de sa première Coupe du Monde de bloc le 18 avril 2008 en Italie. 11 saisons et 51 étapes plus tard, le slovène et toujours là, plus fort que jamais.

En effet, hier soir, 10 ans jour pour jour après sa première participation à une Coupe du Monde, il réalisait l’un de ses rêves les plus fous: remporter une Coupe du Monde. Aussi étrange que cela puisse paraître, jamais encore le slovène n’était monté sur la première marche d’une telle compétition.

Et quelle prouesse de Jernej Kruder hier soir ! Prenant la dernière place qualificative lors des demi-finales, il était le premier compétiteur à s’élancer en finale.

© David Schweizer

Bloc 1

Un premier bloc qui demandait aux grimpeurs d’être chaud des doigts: le maître-mot: serrage de prises. Si ce bloc posera problème à la plupart des finalistes, notamment la dernière partie, Jernej parvient à l’enchaîner en seulement deux essais ! Ça passe également pour Alexey Rubstov et Jongwon Chon, qui le sortent à vue.

Bloc 2

Que dire du run d’anthologie de Kruder dans le deuxième bloc ?! Il faut dire que les ouvreurs avaient vu grand: un quintuple jeté (oui oui, vous lisez bien !) était tracé sur le fronton de Meiringen. Sûrement l’un des blocs les plus spectaculaires jamais ouvert sur une Coupe du Monde.

À peine arriver face au bloc, le slovène prend de l’élan et s’envoie dans les airs. Il rebondit une fois, puis deux, puis trois, puis quatre, avant de se ruer sur la grosse prise de zone dans l’élan de son cinquième mouvement. Et ça passe ! Derrière, le public est en feu et le porte jusqu’au sommet du bloc. Jernej rugit de bonheur !

 

Derrière lui, les grimpeurs s’en donnent à coeur joie dans ce bloc. Manu Cornu, à l’aise dans ce style, parvient à réaliser ce quintuple jeté en seulement deux mouvements ! Malheureusement il chutera au sommet du bloc, la main dans la prise de fin.

Jakob Schubert et Alexey Rubstov, les grimpeurs les plus old-school de ces finales, réussissent quant à eux à réaliser le bloc de manière complètement statique. Enfin, grosse performance de Tomoa Narasaki, qui empoche le bloc à vue, avec la méthode du quintuple jeté !

Bloc 3

Le troisième bloc est tout aussi spectaculaire. Pourquoi ? Car un jeté dans un bloc de Coupe du Monde n’est plus un mouvement rare. Mais un jeté descendant, c’est une tout autre histoire ! En effet, après un départ en équilibre, il faut se jeter sur une énorme prise, située plus basse que vos pieds.

Et c’est dans ce bloc 3 que Jernej Kruder fait la différence. Il est le seul avec Tomoa Narasaki à en venir à bout, prenant une nouvelle longueur d’avance sur ses adversaires.

© David Schweizer

Manu Cornu aura donné corps et âme durant ces finales. Et c’est peu de le dire: en arrivant au pied du bloc 3, il est contraint de montrer ses doigts strappés au président du jury. En effet, il est interdit du mettre du sang sur les prises. Or le bloc 2 lui a complètement limé la peau… C’est donc avec le bout des doigts strappés que le champion de France s’élance dans l’avant-dernier bloc des finales. Manu essaye différentes méthodes, parvient à se redresser sur la grosse prise de zone, mais chute, déséquilibré, à quelques centimètres du top.

Bloc 4

Retour dans un style plus classique et puissant pour le dernier bloc des finales. Fatigué en cette fin de circuit, les grimpeurs chutent un à un dans ce bloc. Jernej Kruder attrape la zone au deuxième essai, mais n’arrive pas à aller chercher la prise de fin.

La pression est à son comble pour le slovène. En effet, si Tomoa Narasaki ou Alexey Rubstov enchaînent ce bloc, alors ils remportent la compétition. Mais ni l’un ni l’autre n’en viendront à bout. Seul Jakob Schubert parviendra à monter au sommet, à vue de surcroît.

Avec 3 blocs et 4 zones, Jernej Kruder remporte donc cette première Coupe du Monde de l’année, devant Tomoa Narasaki, qui aura enchaîné 2 blocs en 3 essais, sois deux de moins que le russe Alexey Rubstov, qui monte sur la troisième marche du podium.

© David Schweizer

Et en bonus, une petite vidéo à chaud signée Relais Vertical… De quoi nous donner l’eau à la bouche avant le récap complet en images !

La jeune Miho Nonaka renoue avec l’or !

Chez les femmes, le niveau promettait d’être relevé: Fanny Gibert, Sandra Lettner, Miho Nonaka, Shauna Coxsey, Janja Garnbet et Akiyo Noguchi étaient les six finalistes de cette première Coupe du Monde de l’année.

© David Schweizer

Bloc 1

Et chez les femmes, c’est la française Fanny Gibert qui ouvrait le bal. Ôtée de toute pression, la championne de France en titre réalisera un magnifique début de finale.

Le premier bloc féminin est composé d’un crux en coordination dans lequel il faut envoyer sa main et sa contrepointe en même temps pour retenir le balant. Le timing doit être idéal, la précision absolue. À ce jeu, Fanny est impressionnante et bluffe le public en enchaînant le bloc au deuxième essai.

 

Mais derrière, les autres finalistes ont les dents longues et l’enchaînent coup sur coup à vue. C’est impressionnant de voir la maîtrise du mouvement qu’elles possèdent, dans ce bloc pourtant aléatoire.

Seule Shauna Coxsey reste sur la touche, ne parvenant pas à trouver le bon timing dans le mouvement. On vous rappelle que la britannique se remet tout juste d’une poulie au doigt. Comme elle le dit si bien, pour elle, c’est déjà énorme de participer à cette finale.

Bloc 2

Si dans le premier bloc les tops s’enchaînaient rapidement, ça va encore plus vite dans le bloc 2. En moyenne, les finalistes ne mettront pas plus de 45 secondes dans ce bloc !

En effet, Fanny Gibert donne le ton et le maîtrise parfaitement, l’enchaînant à vue.

L’autrichienne de 16 ans Sandra Lettner, qui ne l’oublions pas, participe à sa toute première Coupe du Monde de sa carrière, passe non loin du flash, et réalisera ce bloc au deuxième essai.

Derrière, toutes les autres finalistes sortiront à vue.

© David Schweizer

Bloc 3

On pense alors que les choses vont se corser dans le troisième bloc, et que l’écart va se creuser entre les finalistes, qui sont pour le moment au coude-à-coude.

Un bloc en dalle qui commence en équilibre sur des volumes, avant un mouvement plus dynamique pour aller chercher la prise finale.

Et quel run de Fanny Gibert ! La française parvient à enchaîner ce bloc à vue, après une magnifique prise de décision dans le mouvement aléatoire.

Heureusement, les autres grimpeuses sont là pour nous rappeler que ce bloc n’est pas si facile: il faudra quatre essais à Janja Garnbret pour l’enchaîner, deux à Akiyo Noguchi et un à Miho Nonaka, tandis que Shauna Coxsey et Sandra Lettner se contenteront de la prise de zone.

© David Schweizer

Bloc 4

Le dernier bloc des finales allait donc être décisif. Au menu, un bloc ultra-physique, sur gros volumes, avec un premier mouvement d’épaule qui décoiffe.

À son arrivée face au bloc, Fanny est deuxième du classement provisoire, à quelques mouvements d’une médaille. Malheureusement, malgré ses nombreux essais, elle ne parvient pas à réaliser le premier mouvement, n’attrapant donc pas la zone. Une petite faiblesse en cette fin de circuit qui la sort du podium, la classant 5ème.

Car après elle, toutes les autres finalistes enchaîneront ce bloc. Cinq essais pour Akiyo Noguchi, quatre pour Shauna Coxsey, deux pour Miho Nonaka et Sandra Lettner et enfin un pour Janja Garnbret, qui affectionne ce type de bloc.

Au bilan, avec 4 blocs enchaînés en 5 essais, c’est la japonaise Miho Nonaka qui l’emporte. Numéro 4 mondial l’année dernière, elle semble avoir rompu son mauvais sort, qui l’écartait de la médaille d’or depuis quelque temps. En effet, la saison dernière, elle montait à cinq reprises sur le podium, toujours à la deuxième ou troisième place loupant de peu la victoire.

Janja Garnbret s’empare de la médaille d’argent de cette première étape internationale de l’année, avec 4 blocs en 7 essais, devant une autre japonaise, Akiyo Noguchi, qui mettra deux essais supplémentaires.

Enfin, soulignons la très belle performance de Sandra Lettner. À 16 ans, l’autrichienne ne pouvait pas rêver mieux pour sa première participation à une Coupe du Monde. D’abord une qualification en demi-finale, puis une place en finale, avant de terminer quatrième, au pied du podium. Et la saison ne fait que commencer…

© David Schweizer

Replay

Revivez les finales en intégralité à travers le replay complet de la soirée:

https://www.youtube.com/watch?v=r1J_b2P_OF0

À lire également, les résumés des tours précédents:

Prochain rendez-vous le week-end prochain, pour une étape inédite au calendrier: la Coupe du Monde de Moscou, en Russie.