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Interview d’Alexis Loireau, auteur de « La grace de l’escalade »

D’où est venue l’idée d’écrire « La Grâce de l’escalade » ?

Depuis l’apparition des salles d’escalade et des compétitions, l’escalade est souvent considérée comme un sport parmi d’autres où la recherche du dépassement de soi est naturelle grâce au système de cotations, qui est aux grimpeurs ce que le chronomètre est aux athlètes. Mais dans la nature, sur les cinq continents, le grimpeur va rencontrer au cours de ses voyages d’autres adeptes avec qui il va partager, au-delà de la barrière de la langue, une passion, une culture. À travers leur recherche sans fin de la perfection du geste et des plus belles lignes à escalader, grâce à l’intimité qu’ils développent avec la nature par l’intermédiaire de la roche, l’escalade est pour eux (pour nous !) beaucoup plus qu’un sport, elle est un mode de vie. C’est cette conception de l’escalade que j’ai essayé de partager dans « La Grâce de l’escalade – Petites prises de position sur la verticalité et l’élévation de l’homme ».

Dans ton livre tu parles aussi beaucoup de la relation au vide qu’entretient le grimpeur.

Oui j’aime beaucoup l’idée que la peur du vide est naturelle car c’est un réflexe de survie, mais qu’elle peut être considérée aussi comme un animal sauvage tapi au fond de nous-mêmes qu’il faudrait apprivoiser. Pour y parvenir, un peu comme le bouddhiste qui essaie de maîtriser ses « émotions négatives », le grimpeur doit suivre un long chemin au bout duquel le vide peut devenir une source de plaisir. Suspendu à une paroi à plusieurs centaines de mètres du sol, il admire les montagnes alentour avec la même assurance tranquille que l’aigle qui observe son territoire. Sur une falaise haute et déversante, il peut aussi évoluer à 5 ou 10 mètres au-dessus du dernier spit sans avoir peur de tomber, bien au contraire, il peut aimer ça… C’est cette évolution que j’essaie de décrire dans « La Grâce de l’escalade ».

En quelques mots, comment définirais-tu l’escalade ?

Chaque grimpeur, suivant s’il pratique en salle ou dans la nature, en dilettante ou avec une certaine exigence envers lui-même, pourrait en donner une définition différente. Pour le grimpeur passionné, parce qu’elle est l’axe central de son épanouissement personnel, qu’elle mélange hédonisme et rigueur, qu’elle est une invitation éternelle au voyage, elle devient un véritable art de vivre.

Tu peux te présenter ?

J’ai 35 ans et je grimpe depuis près de 30 ans ! J’ai commencé avec mes parents sur les blocs de la forêt de Fontainebleau, j’ai ensuite beaucoup grimpé dans le sud de la France, dans les Alpes, puis dans les pays où j’ai habité ces dix dernières années pour exercer mon travail d’ingénieur spécialisé dans le domaine de l’eau : en Californie, en Bolivie, en Australie et finalement au Brésil, pays dont je suis tombé amoureux et où j’ai créé une des plus grandes salles d’escalade d’Amérique latine en 2008. Je pratique l’escalade sous toutes ses formes, du bloc jusqu’aux grandes parois où il faut plusieurs jours pour arriver au sommet, j’ai aussi fait un peu de compétition. C’est en puisant dans les enseignements tirés de cette longue expérience multiculturelle que j’ai écrit « La Grâce de l’escalade ». J’habite maintenant en France, je travaille pour le magazine Carnets d’Aventures. L’idée du livre s’est concrétisée fin 2012 lors d’une rencontre avec la maison d’édition qui m’a publié, Transboréal. 

Publié le : 14 mai 2013 par Charles Loury

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