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Test matos: les chaussons Mad Rock Shark 2.0

Mad Rock revient sur le devant de la scène avec sa nouvelle arme : le Shark 2.0. Un chausson haut de gamme, performant, destiné à un public averti voire compétiteur. Nous l’avons testé pour vous !

Mad Rock n’a jamais rien fait comme tout le monde dans le monde des chaussons d’escalade, assumant depuis toujours des concepts forts et souvent novateurs comme leurs enrobages en pointes ou les talons sculptés. Ces choix ont finalement conduit Mad Rock à devenir assez clivant et à provoquer des débats animés où le mot de la fin est souvent : « on aime ou on déteste ».

Avec le Shark 2.0, nous n’échappons pas à la règle ! Certains ont vu des qualités là où d’autres y ont vu des défauts.

La première rencontre avec ce Shark 2.0 est  déroutante. En observant, en touchant, en déformant le chausson, on peine à deviner ce qu’il nous attend. La pointe est très dure et on a du mal à la déformer. Les sceptiques ricanent déjà : « ça sent bon la planche à découper le saucisson tout ça». La zone orange sous la voûte plantaire est, elle, extrêmement souple. On replie le Shark 2.0 sur lui-même avec la force d’un nouveau-né. Le talon est, comme attendu, sculpté avec une épaisse bande de gomme. Et puis, on est obligé de constater que le produit n’est pas très bien fini (avec des bavures de colle, le Mad Rock mal peint). Alors oui, on s’en moque un peu me direz-vous, et ça n’a aucune espèce d’incidence sur les performances du chausson. Oui, c’est vrai, mais quand on débourse plus de 80 euros, on est aussi en droit d’attendre un niveau de finition en adéquation avec son niveau de gamme non ?

Place au test :

La pointe n’est pas trop asymétrique mais très fine et précise. En contenant l’asymétrie, Mad Rock fait aussi le choix d’une plus grande accessibilité sans forcément mettre en péril le niveau de performance en pointe.

Ce chausson, pourtant destiné au bloc, opte pour une pointe rigide. Le Shark 2.0 s’est naturellement montré très à l’aise pour charger les grattons et ce, même en devers avec une structure de pointe bien travaillée (en forme de bec). Malheureusement, cette rigidité enlève toute notion de sensation. On pénètre, vous l’aurez compris, dans cette discussion animée… On ne peut pas dire que le Shark 2.0 n’est pas bon, ce serait mentir. Par contre, il faut accepter de lui faire confiance… Car les adeptes du retour d’information (via les sensations procurées par la souplesse) seront perdus. « On ne se sent rien » s’exclame certains. « Et alors ?? » répondent d’autres. Clivant je vous avais dit…

Pour contrecarrer cette pointe rigide, Mad Rock a mis en place une voûte plantaire très souple. Sur le papier, on nous promet de belles aptitudes les pieds à plat. Sur le terrain, on est obligé de constater que le concept fonctionne. On peut effectivement mettre la pointe à plat (dans une dalle ou sur un volume par exemple) et avoir le talon relevé pour augmenter et améliorer l’adhérence sans avoir les pieds en bouillie. En effet, avec un chausson très cambré, vous pouvez facilement avoir l’impression que vos orteils vont exploser sous la pression les pieds à plat… Oui mais… mais avec cette absence totale de sensations, il va falloir lui faire confiance à ce diable de Shark 2.0 !! Certains de nos testeurs ont eu du mal à comprendre cette voûte plantaire. D’une part, le volume sur cette zone précise devient important, trop même. Le chausson a du mal à épouser la courbure de la voûte. Du coup, on peut avoir  le sentiment étrange que le chaussons se désolidarisent en deux: la pointe d’un coté et le talon de l’autre avec une zone assez floue entre les deux.

Le talon est dans la moyenne, il pousse fort, en adéquation avec le programme. Certaines morphologies auraient apprécié un talon un peu plus profond. Par contre, il faudra vous faire à sa sculpture. Une bande de gomme très épaisse divise le talon en deux. Une sorte de carre quoi. On ne va pas relancer le débat maintenant et il faut croire qu’il doit y avoir des adeptes de ce type de talon puisque, régulièrement, nos chers fabricants (et pas que Mad Rock) s’essayent à ce type d’excroissance. Chez Planetgrimpe, on n’est pas fan…

Sachez aussi que le chausson est facile à enfiler grâce à sa large ouverture et se verrouille par un scratch unique mais suffisant. Le coup de pied est bien protégé par une languette. Attention malgré tout pour celles et ceux qui usent et abusent des crochet-pointes  car sa matière est finalement assez fragile. L’enrobage en pointe est efficace et on apprécie le subtil design façon « topo de bloc » sur celui-ci.

 

Conclusion:

Ce Shark 2.0 est donc un chausson surprenant. Difficile de critiquer les performances pures car on est obligé de constater que ça marche. Mais il faut du temps pour apprivoiser la bête et comprendre comment l’utiliser. Mais  si pour vous l’équation de la performance inclue forcément le facteur sensation (et donc confiance?), alors passez votre chemin. Ce Mad Rock est une nouvelle fois atypique. On est loin des standards actuels destinés au bloc et à la compétition. On ne retrouve  ni l’effet chaussette, ni la souplesse, ni la qualité de conception (et de fabrication) présents sur les tops actuels. Ce chausson ne serait-il pas en conclusion un peu « old shool » en s’appuyant sur une valeur simple et refuge : la performance en pointe.