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Petra Klingler, Championne du Monde de bloc: « Je savais que tout était possible ! »

Celle qui a fait sensation à Paris, lors des Championnats du Monde il y a un mois, c’est Petra Klingler. La Suissesse signait la plus belle finale de sa carrière, devant des milliers de spectateurs survoltés. Et c’est avec détermination, technique et force que Petra allait chercher le titre suprême de Champion du Monde de bloc.

Quelques jours sont passés depuis… Petra Klingler a accepté de donner de son temps libre pour revenir avec nous sur cette folle soirée:

Salut Petra ! Alors, avec un peu de recul maintenant, qu’est-ce que ça fait d’être la nouvelle Championne du Monde de bloc ?

Ça fait quasiment un mois, et je ne peux toujours pas le croire ! C’est énorme ! C’est un rêve qui se réalise pour moi. Tous les «mouves » sont encore gravés dans mon corps et les émotions sont toujours présentes en moi !
Mais depuis cette victoire beaucoup de temps s’est écoulé et j’ai été très occupée avec les médias et les sponsors. Du coup, malheureusement, je n’ai pas vraiment eu le temps de grimper depuis Paris… et ça me manque. 

Si on t’avait dit au tout début de l’année que tu serais la nouvelle Championne du Monde, y aurais-tu cru ?

Je ne crois pas. Au début de l’année je n’étais pas du tout en forme et je n’arrivais pas à me motiver. C’était également à cause de mes examens à l’université. Mais je savais exactement ce que j’étais capable de faire si je m’entraînais beaucoup et si je travaillais sur mes points faibles. Et mon entraîneur a cru en moi et en ma capacité à le faire. C’était notre but. Peut-être pas pour cette année mais un jour ou l’autre… 

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Qu’espérais-tu avant de venir à Paris ?

Mon but était de me qualifier pour les finales! Sur les deux derniers championnats du monde, je terminais 8ème et 7ème ! Alors, il était temps d’être en finale ! Et je savais que j’étais en forme pour faire un podium. Mais à ce moment-là, tout se jouait dans la tête: c’est la tête qui devait être forte et c’était ça le vrai « crux ». Mais quand j’ai su que j’étais en finale, je savais que tout était possible…

Tu terminais 21ème sur la coupe du Monde de Munich, en août, et 1 mois plus tard, te voici championne du Monde ! Quel est ton secret ?!  

Je me suis entraîné dur, et déjà à Munich j’étais bien en forme, mais la tête n’était pas prête. Et le fait que je ne sois pas en demi-finale en Allemagne m’a motivé énormément pour m’entraîner encore plus, être plus forte, et surtout travailler mentalement. Mais on doit aussi dire que les qualifications à Munich n’étaient pas du tout idéales, parce que j’avais fait 5 tops en 7 essais et malgré ça je n’étais pas en demi…. Ce n’est pas le but d’une qualification. 

Ce que je n’oublierai jamais, c’est le visage de mon entraîneur avant les finales…

Avec un peu de recul maintenant, comment as-tu trouvé la finale, comment l’as-tu vécu ?

Après qu’on ait lu les blocs des finales, j’étais déjà super motivée et ils m’ont tellement plu ! En isolement, je me visionnais mentalement grimper dans les blocs. Et c’était énorme quand j’ai commencé à grimper !

Comme je le disais, encore maintenant je ressens tous les mouves dans mon corps et je me revois encore grimper dans les blocs de cette finale.

Et ce que je n’oublierai jamais, c’est le visage de mon entraîneur avant les finales, quand nous nous sommes séparés, mais aussi après ! Je voyais dans son sourire et ses yeux qu’il savait que j’étais prête et que tout était possible! Et ça m’a donné tellement d’énergie et de motivation ! C’est aussi ça qu’il me manquait souvent… de la confiance en moi.

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Dans le dernier bloc, tu as paru surprise en accrochant la contre-pointe avec ton pied gauche, raconte-nous un peu!

Ouiiiiiii…. J’étais étonnée que ça tienne ! Je savais que c’était la solution, mais quand j’étais en train de faire le mouve je ne le sentais pas super bien et je ne pensais pas que je puisse tirer assez fort pour tenir ! Alors j’ai tout donné, et ça a marché ! C’est énorme ces émotions de joie et aussi ce « feeling » à ce moment-là, qui était inexplicable ! 

Quel est ton plus beau souvenir du week-end ?

La joie de mon entraîneur, de ma physio et de mon copain! 

Tu pratiques également la cascade de glace en compétition. Est-ce que cette discipline t’apporte beaucoup pour le bloc ?

Oui je suis sûre que j’apprends beaucoup de la cascade de glace ! Pas seulement le côté mental, qui m’apprend à mieux gérer les compétitions, mais c’est aussi un changement à l’entraînement, et la découverte de nouveaux mouvements, de nouveaux muscles. Ça m’aide pour la pratique du bloc, c’est sûr ! 

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Comment se déroule une journée type de Petra Klingler ? 

J’aime les entraînements le matin. Alors je me lève tôt et je pars vers 6h30 pour l’entraînement. Normalement je fais une séance de musculation ou du pan Güllich ou de la poutre. Après, normalement j’ai des leçons à l’université, mais ça dépend de mon emploi du temps (si j’ai l’uni ou des vacances). L’après-midi je vais encore une fois un entraînement, à la salle de grimpe, pour faire quelques exercices spécifiques sur le mur.

Justement parlons d’entraînement. Comment t’entraînes-tu ? 

En ce moment je m’entraîne à Bern dans la salle Magnet, à Niederwangen, avec mon entraîneur Kevin Hemund. Deux fois par semaine avec lui, une fois avec une partie de l’équipe suisse et une fois avec Manuel Hasler qui trace des blocs pour moi. Pour le reste, je me débrouille moi-même. Je fais un peu de tout. De la musculation, de l’endurance (course, vtt, circuits), du streching, des entraînements techniques, des entraînements physiques, du pan Güllich, de la poutre et des séances de préparation mentale.

Tu fais partie des grimpeuses les plus puissantes du circuit, passes-tu beaucoup de temps à travailler ta force et ton explosivité ?

Non, je crois que je ne travaille pas plus la force que les autres. C’est plutôt dans ma nature.

La saison internationale de bloc est maintenant terminée. Comment vont s’organiser tes prochaines semaines ?

Maintenant, je vais retourner à l’université. À côté je vais utiliser mon temps libre pour aller grimper dehors, en falaise ou en bloc.

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Quels sont tes objectifs pour la prochaine saison ?

Je n’ai pas encore pensé à la prochaine saison. D’abord je dois relaxer et profiter de tout ce que j’ai obtenu. Après, vers novembre, mon entraînement commencera de nouveau et c’est surtout à ce moment-là que mon entraîneur et moi allons décider de l’objectif à atteindre la prochaine saison.

Tu n’es pas seulement championne de bloc, tu excelles également en vitesse et en difficulté. Est-ce que tu penses déjà aux JO de Tokyo en 2020 ?

Il y a encore trop de questions sans réponses concernant les JO de 2020. C’est surtout une possibilité que je dois considérer, mais ce n’est pas encore le moment. 

Si tu as un dernier mot à passer, c’est le moment, tu as carte blanche :

Un grand merci à tout le monde qui m’a supporté, à mes sponsors, Adidas, Grivel et LaSportiva, mais aussi un grand merci a tout le monde qui ont cru en moi !!! Je veux que les jeunes se rendent compte que si on travaille beaucoup, tout est possible !

Photos: Vladekzumr, Leo Zhukov, Patho Pix,

Publié le : 13 octobre 2016 par Nicolas Mattuzzi

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