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Entretien avec Romain Desgranges, champion d’Europe de difficulté

Ce samedi 13 juillet, Romain Desgranges, leader de l’équipe de France nous a fait vivre un moment sensationnel! En effet, c’est chez lui, sur la place du Mont Blanc de Chamonix que le champion de France en titre à chanter la marseillaise à pleins poumons, devant un public toujours plus nombreux chaque année.
15 ans de travail, d’acharnement, d’investissement c’est ce qu’il aura fallu à Romain alias momo pour devenir champion d’Europe. C’est l’un de ses plus gros rêve qui se réalise.
En ce début de saison, le chamoniard ne laisse aucune chance à ses adversaires et rafle toutes les victoires! D’abord l’étape de coupe d’Europe, puis le championnat de France et maintenant le championnat d’Europe.
A notre plus grand plaisir, on risque encore d’entendre la marseillaise résonner dans le monde de la varappe!

Voici donc quelques mots échangés avec l’homme le plus en forme du moment!

Ça y est Romain, te voilà champion d’Europe! Arrives-tu à réaliser?

Franchement pas vraiment… enfin oui et non! 
D’un côté je n’ai pas de super pouvoirs, je suis toujours sujet à la gravité et mes boucles de rési sont toujours aussi dures…
De l’autre côté, j’ai réalisé un de mes rêves, je savoure doucement. Mais bon, est-ce que Jean-Jacques Goldman n’avait-il pas raison en disant : « Il n’y a que les routes qui sont belles « 

Tu remportes cette compétition à Chamonix, c’est un rêve d’enfant qui se réalise?

Et oui, quand j’étais plus jeune, je faisais partie des bénévoles du Festival d’Escalade de Chamonix, j’assurais les kings du moment comme : Yuji Hirayama, François Petit, François Legrand… je les regardais, les observais et je rêvais d’être à leur place. Ça fait partie des choses qui me faisaient rêver et me motivait tous les matins pour aller à l’entrainement et voilà un énième 13 juillet plus tard c’est mon tour…
Je savoure, franchement c’est ENORME.

Quelles étaient tes impressions sur la voie en entrant en zone d’isolement? Pensais-tu à ce moment-là que tu pouvais aller plus haut que les autres?

Non pas du tout. Avec Manu Romain, qui était lui aussi en finale, on a, je pense, fait une lecture parfaite: les mains, les pieds, les clippages… Pas de zone d’ombre ou de mouvement douteux… 
Je suis parti avec le simple objectif de bien grimper. Partir en se disant que tu vas monter le plus haut est, je pense, la bonne méthode pour finir dernier 

Les meilleurs grimpeurs européens étaient bien présents en finales, avec de sacrés candidats tel que Jakob, Ramon, Magnus…qu’est ce qui a fait la différence selon toi?

Une question de rési, les bonnes arquées au bon moment, le bon feeling, l’instant T, un battement d’aile de papillon … Franchement c’est inexplicable. Si on rejouait la finale ce soir, le classement serait probablement différent .

Durant ta grimpe, mais surtout dans tes derniers mouvements, à quoi pensais-tu?

A rien, si ce n’est d’aller chercher la prise d’après, respirer, mettre mon pied comme il faut, gainer, et encore respirer, et aller chercher la prise d’après et respirer …

Tu es connu pour un être un véritable bourreau de l’entraînement! Tu es parti de loin et te voilà désormais champion d’Europe. Es-tu conscient que tu es la preuve parfaite que le travail paye?

Et oui … je ne sais plus quel sportif avait donné comme titre à son livre : « On ne naît pas champion, on le devient ». Il n’y a pas de secret !

Avec plus de 16 000 spectateurs le soir des finales et le beau temps au rendez-vous, qu’as-tu pensé de l’ambiance durant ce week-end?

Ce serait dur pour moi de trouver un point négatif à cette soirée tous les ingrédients étaient réunis pour faire un magnifique spectacle. Je ne pense pas être le seul à avoir passé une bonne soirée. Je tiens à remercier encore une fois le public de m’avoir porté durant les derniers mouvements. Ils ont été géniaux, ça fait chaud au coeur.

Grâce à ta victoire, à la troisième place d’Hélène Janicot et aux différents podiums en handisport, la France est sur le devant du tableau. J’imagine que toute l’équipe est fière? 
Toutes les équipes de France travaillent très dur pour être dans la course. 
La fédération met des moyens importants pour nous. 
La France est une grande nation de l’Escalade et l’a montré durant ce Championnat d’Europe. 
On travaille ensemble depuis plus de 5ans maintenant, on progresse d’année en année. Je suis certain, que ce soit en vitesse, bloc ou difficulté, que la Marseillaise ne va pas tarder à traumatiser la Planète Escalade.

Si tu devais résumer cette compétition en un mot?

AAAAAAAHAHAHHAHAHHAHAHHAHHAHHAAAAAAAA

Tu es maintenant devenu l’un des favoris pour la saison internationale qui s’annonce? Est-ce que ce titre te rajoute une pression supplémentaire?

Absolument pas, je n’ai pas de pouvoirs magiques depuis samedi dernier, les plats sont toujours trop plats, la prochaine prise toujours trop loin et trop petite …. et il faudra s’arracher sur chaque mouvement, dans chaque voie, pendant chaque entrainement, sinon ça ne marchera pas ! 
Même si ça été un peu difficile cette semaine, je ne veux me préoccuper que de mon escalade. Je ne me considère pas comme un favori.

Le mot de la fin?

C’est, je pense, la bonne occasion pour remercier tout le monde. Forcément je vais en oublier, mais je remercie plus que jamais ma famille, Fabrice mon entraîneur à qui je dois tout, Corentin le sélectionneur pour tout ce qu’il fait avec le staff de l’équipe de France depuis plus de cinq ans pour nous emmener au plus niveau, toute ma tribu (Christian, Yohann, Seb, Ludo, Loic, Antoine), sans oublier ma chérie que j’aime et tous ceux que j’ai traîné à la salle et que j’ai saoulé ces quinze dernières années avec mon escalade. Enfin, merci à mes partenaires qui me soutiennent au jour le jour, certains depuis le début : Chamonix, Adidas, Beal, Lasportiva, Expression-holds, Weleda, Power bar et Snap ! Bref, merci à tous ceux qui ont mis leur pierre à l’édifice !