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Le syndrome du harnais

La description de décès liés à une suspension prolongée dans un harnais est appelée Syndrome du Harnais ou S.d.H. Les anglo-saxons le décrivent sous le terme CARP, ou Compresion Avascularization / Reperfusion Syndrom. D’autres dénominations sont retrouvées, pathologie induite par un harnais, choc orthostatique par suspension, syndrome du baudrier.

Suspecté initialement par les spéléologues français Amphoux, Bariold et Théry dans les années 1980, son existence a été confirmé suite à des expériences sur volontaires sains. Les études n’ont pas permis de mettre en évidence une cause claire et admise par tous, expliquant les décès constatés. Ce que l’ensemble des gens travaillant en suspension reconnaissent c’est son caractère d’urgence absolue.

Le SdH comprend une première période d’installation des lésions, liée à baisse du taux d’oxygène dans les cellules, puis une seconde période en relation avec un afflux du sang au niveau du coeur après la désuspension, entrainant un dysfonctionnement généralisé de l’organisme. Les décès constatés sont tous en rapport avec une défaillance de nombreux viscères. Des études autopsiques ont ainsi mis en évidence une mort des cellules du foie, du coeur (infarctus), du cerveau chez les patients retrouvés non blessés, décédés, en suspension. Dans un second temps, après installation des troubles d’oxygénation, la desuspension peut ne pas suffire à sauver la victime. En phase immédiate de sauvetage, une attention particulière semble devoir être accordée aux modifications de tension artérielle brutale due à une remise en circulation massive du sang stagnant dans les membres inférieures. Cette augmentation de travail du coeur pourrait être responsable d’un arrêt brutal de fonctionnement de celui ci.

L’ensemble des études retrouve des délais de suspension très variables, selon le type de harnais, complet ou non, et le mode de suspension, ventral ou dorsal : – Amphoux, 6′ (2 patients) – Schauer, de 5′ et 9′ (2 patients) – Brinkley de 5′ à 30′, moyenne 14′ (30 volontaires) – Laboratoires de Physiologie sportive de Besançon (3 patients),10′, 12′ et 30′ – Bariod, 7′ et 30′ (2 patients) Il peut être retenue que le risque de décès existe dés les 5 premières minutes et qu’au-delà de la 15 minute, théroriquement, 50 % des personnes suspendues seront décédés, faisant du S.d.H une URGENCE ABSOLUE, ou chaque minute compte.

Toute personne suspendue dans un baudrier et qui brutalement présente une sensation de malaise imminent, des nausées, un voile noir, des troubles de la vue, des sueurs, une pâleur, une accélération du pouls, des frissons est à risque.

Le traitement passe par une désuspension la plus précoce dès qu’il existe des facteurs de risques faisant craindre une évolution péjorative. Elles comprend 3 phases distinctes au cours du temps. Une première phase, dite de sauvetage, une seconde de secours-sauvetage et une troisième de soins de réanimation spécialisés. La phase la plus importante est la première car elle permet de prévenir l’évolution vers un SdH. Les phases secondaires et tertiaires sont celles initiés par les secouristes professionnels.

Afin de faciliter la désuspension, les techniques de désuspension devraient avoir préalablement été mises en œuvre ou pensées, corde débrayables, sécurisation des fractionnements en spéléo, utilisation de couteau afin de pouvoir évacuer vers le haut ou le bas toute personne suspendue, par un tiers, etc.
Méthode d’évacuation par transfert de suspension sur le harnais du sauveteur Petzl®

Au sol des soins comprenant mise en PLS, MCE, etc, seront commencés si les témoins sont rompus aux gestes élémentaires de secourisme.

Le SdH est une urgence absolue. Les modifications aiguës et rapide pouvant conduire à un arrêt cardiaque imposent une connaissance de cette « maladie » par les pratiquants de sports à risques utilisant un harnais comme outils de protection des chutes. Le traitement passe par une désuspension la plus précoce dès qu’il existe des facteurs de risques faisant craindre une évolution péjorative. Si il existe le moindre doute un appel auprès d’un organisme de secours N° Montagne, PGHM et CRS, pompiers ou SAMU doit être initié.

Texte: Thibault Bayard

Publié le : 02 novembre 2012 par Charles Loury

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